Ce devait être un moment fort de sa carrière, elle n’aura finalement pas le droit d’y participer. Il y a quelques jours, l’athlète française Sounkamba Sylla, spécialiste du sprint et sélectionnée dans l’équipe tricolore pour l’épreuve du relais 4x400m aux Jeux Olympiques (JO) de Paris, a révélé sur les réseaux sociaux qu’elle s’était vue signifier une interdiction de participer à la cérémonie d’ouverture, programmée ce vendredi 26 juillet, pour des raisons extra-sportives.
« Tu es sélectionnée aux JO, organisés dans ton pays, mais tu ne peux pas participer à la cérémonie d’ouverture parce que tu portes un foulard sur la tête », a ainsi déploré la sprinteuse dans une publication Instagram relayée par Radio France. Il s’agit là d’un nouvel épisode dans le conflit qui oppose depuis plusieurs mois Sounkamba Sylla au ministère des Sports sur la question des signes religieux.
Une trajectoire fulgurante
Née en juillet 1998 à Laval (Mayenne), quelques jours avant le sacre à domicile de l’équipe de France de football à la Coupe du monde, Sounkamba Sylla a connu une trajectoire fulgurante ces dix dernières années. « Après avoir démarré sur le tard, à l’âge de 15 ans, j’ai eu la chance de proposer assez rapidement des chronomètres permettant d’entrevoir le haut-niveau », explique la jeune femme sur sa page LinkedIn.
Vice-championne de France juniors du 200 m en 2015, deux ans après ses débuts, elle intègre rapidement l’équipe de France dans sa catégorie d’âge et continue de gravir les échelons à toute vitesse. Se spécialisant finalement sur le 400 m, la Mayennaise intègre l’équipe de France séniors en 2020 dans cette discipline.
Première expérience olympique en 2021 à Tokyo
6e des championnats de France en 2021, la jeune femme obtient avec ce résultat un sésame pour les JO de Tokyo, en qualité de remplaçante sur le relais 4×400 m. Si elle ne participe finalement à aucune course, Sounkamba Sylla garde de ces débuts olympiques le souvenir d’une « expérience humaine et sportive extraordinaire », comme elle l’a expliqué à Ouest France.
Poursuivant sa progression, elle parvient à monter sur le podium des Championnats de France du 400m en 2022 (3e) et s’installe durablement au sein du relais tricolore, participant notamment aux Championnats du monde en 2022 et 2023. Détenant la deuxième meilleure performance française de l’année 2024 sur sa distance de prédilection, elle a logiquement décroché sa sélection pour les JO de Paris.
Les JO de Paris, l’objectif d’une vie
Comme elle l’a indiqué dans une interview accordée à Mayenne TV, la sprinteuse a d’ailleurs ciblé ces JO 2024 comme l’objectif de toute une vie : « J’ai hâte, j’ai surtout très envie d’y être. C’est vraiment un très gros objectif. Des Jeux Olympiques à Paris, il n’y en aura pas d’autres pour notre génération, donc j’ai vraiment très envie d’y participer. »
Parallèlement à sa carrière sportive, la jeune femme poursuit aussi une carrière professionnelle dans un tout autre secteur d’activité. Depuis plus de sept ans, Sounkamba Sylla travaille en effet à temps partiel dans un magasin de bricolage de la région nantaise, où elle exerce actuellement la fonction de référente RSE (Responsabilité sociétale des entreprises). Son employeur a d’ailleurs récemment mis en ligne une mini-série où l’athlète raconte comment elle mène de front ces deux activités.
Dans le viseur du ministère des Sports depuis plusieurs mois
Ces derniers mois, Sounkamba Sylla s’est cependant retrouvée propulsée sur le devant de la scène médiatique pour des raisons n’ayant absolument rien à voir avec ses performances sportives ou avec son parcours professionnel. De confession musulmane, l’athlète a en effet été « rappelée à l’ordre » par le ministère des Sports sur la question des signes religieux au printemps dernier, comme l’a rapporté Ouest France.
A l’approche des Championnats d’Europe 2024 à Rome, le ministère a en effet signifié à l’athlète que pour pouvoir concourir, elle devrait se passer du foulard noué autour de la tête qu’elle avait l’habitude de porter en compétition. « Un représentant d’une équipe de France est soumis à une exigence de neutralité qui empêche le port d’un signe religieux ostensible », avait souligné à l’époque la ministre Amélie Oudéa-Castéra, ajoutant « qu’une fédération a la capacité d’interdire dans le cadre ou le lieu des compétitions le port de ces signes religieux ostensibles ».
Suivant l’avis de l’organe gouvernemental, la Fédération Française d’Athlétisme avait alors confirmé cette interdiction, alors que le port du foulard est autorisé par la fédération internationale World Athletics. Comme le précise Le Parisien, Sounkamba Sylla avait toutefois réussi à court-circuiter la polémique en se présentant au départ de ses courses avec une casquette sur la tête.