Jusque-là habitué aux productions indépendantes, Paul Mescal entre dans l’arène des blockbusters hollywoodiens.
C’est en le découvrant dans la série « Normal People » que Ridley Scott a décidé de lui confier le premier rôle de son péplum « Gladiator II ».
Une étape de plus dans l’ascension express de l’acteur irlandais de 28 ans, nommé à l’Oscar du meilleur acteur en début d’année.
Son appareil photo en main, il ne pouvait qu’immortaliser l’immense affiche installée dans le quartier de Shibuya. De Tokyo à Los Angeles, en passant par Paris, le nom de Paul Mescal restera en tête des spectateurs qui le découvriront peut-être pour la première fois Gladiator II. L’acteur irlandais force le respect – et l’honneur – dans la suite du mythique péplum , 24 ans après un chef-d’œuvre récompensé de cinq Oscars dont celui du meilleur film. Il y a encore quatre ans, personne n’avait entendu parler de celui que Ridley Scott a choisi pour succéder à Russell Crowe dans l’arène.
De la télévision au blockbuster
Alors que le monde se met à l’isolement au printemps 2020, Paul Mescal se dévoile dans un petit bijou de télévision. Il donne vie à Connell, ado un peu gauche mais ultra sensible dans Normal People, adaptation parfaite du roman de Sally Rooney qui narre l’histoire d’amour aussi tendre que chahutée entre deux étudiants irlandais. La série devient rapidement le programme le plus streamé de l’histoire de la BBC, le public est conquis. Ridley Scott aussi. « Il me faisait penser à un mélange de Richard Harris et d’un très jeune Albert Finney. Il semblait être un acteur très solide et sympathique. L’histoire du scénario de Gladiator II commençait à évoluer et je n’arrêtais pas de penser à lui », raconte le cinéaste britannique dans les notes de production. Mais qui acceptera de miser sur un débutant pour porter un projet au budget de plus de 300 millions de dollars ?
« C’était un risque incroyable pour un gros film que de choisir un acteur qui n’en avait jamais porté un », souligne le producteur Douglas Wick, parlant d’un « saut depuis une falaise ». « Nous avons vite découvert que Paul est l’un de ces talents uniques qui retombent toujours sur leurs pieds », ajoute-t-il. Né en 1996 à Maynooth, près de Dublin, d’une mère policière et d’un père instituteur, Paul Mescal a découvert le métier d’acteur un peu par obligation. À l’époque, son lycée contraint chaque élève à auditionner pour la comédie musicale annuelle de l’établissement. Son année de seconde, c’est Le Fantôme de l’Opéra qui est choisi. « J’ai fini par jouer le fantôme. Ça a probablement changé ma vie », glisse-t-il à W Magazine (nouvelle fenêtre).
De la mélancolie à la rage
Il pense un temps à s’enrôler dans l’armée mais décide finalement d’étudier le théâtre au Trinity College de Dublin. Là même où est inscrit Connell, le personnage qui a tout bousculé. Suivront plusieurs pièces dans la capitale irlandaise, une publicité pour une marque célèbre de saucisses (nouvelle fenêtre) et la consécration Normal People. Très sollicité, Paul Mescal se tourne dans un premier temps vers des films indépendants où « les personnages ne parlent pas pour faire avancer l’intrigue ». « Ils disent ce qu’ils ont besoin de dire et ne disent pas ce qu’ils n’ont pas besoin de dire », note-t-il auprès du Guardian (nouvelle fenêtre). Avec lui, les grands monologues sont de toute façon superflus, son visage torturé suffisant à faire passer tous les messages.
Gladiator II : la bande-annonce du film de Ridley ScottSource : TF1 Info
La recette est la même dans Gladiator II, où ses yeux clairs ne transpirent cette fois pas la mélancolie mais « la rage », comme le martèle Macrinus, le riche marchand incarné par Denzel Washington qui fait de lui un gladiateur . « C’est un rôle totalement différent de ceux que j’ai joués. Passer d’un film indépendant à une superproduction de studio était intimidant jusqu’à ce que je me rende compte que jouer est jouer, quel que soit le contexte », insiste-t-il. « Lorsque nous avons rencontré Paul pour la première fois, nous avons dû lui demander en toute humilité s’il avait déjà pratiqué un sport, espérant y voir un signe qu’il pourrait jouer un gladiateur, se souvient la productrice Lucy Fisher. Lorsqu’il a répondu’ football gaëlique’, qui, nous le savons, exige de la robustesse et plus qu’un peu de folie, nous avons su que nous tenions notre homme ».
Des Oscars à Broadway
Pendant des mois, l’acteur irlandais enchaîne les séances de sport et mange « beaucoup de poulet », apprend à manier une épée. Il fallait au moins ça pour affronter des singes mutants, un rhinocéros et des requins une fois au Colisée. « Je savais qu’il était un très bon acteur de théâtre, ce qui est pour moi un atout. Les acteurs de théâtre me permettent de rester honnête. J’ai tendance à être très visuel et à bouger comme l’éclair. Ils aiment connaître l’histoire et les personnages entre chaque prise », explique Ridley Scott qui a eu le nez bien creux en recrutant Paul Mescal.
Après son casting, l’Irlandais a brillé sur les planches en reprenant le rôle de Marlon Brando dans la pièce Un Tramway nommé désir mais aussi sur les écrans en nous faisant pleurer à chaudes larmes dans la peau d’un père de famille en souffrance dans Aftersun . Le premier lui a valu un Oliver Award, l’équivalent britannique des Molière, le second une citation à l’Oscar du meilleur acteur en début d’année.
Il nous a touchés en plein coeur en amoureux énigmatique d’Andrew Scott dans Sans jamais nous connaître et nous a fait vibrer en dansant dans Carmen, la réinterprétation du célèbre opéra par le Français Benjamin Millepied . Plébiscité par les internautes qui suivent de près sa vie amoureuse et s’enflamment pour sa passion des mini-shorts, Paul Mescal a eu droit la semaine dernière – comme Timothée Chalamet – à son concours de sosies approximatifs à Dublin.
Gladiator II devrait marquer un nouveau tournant dans la jeune carrière de celui dont le planning était déjà bien chargé avec quatre films en attente. 2025 s’annonce tout aussi prolifique car il fera ses débuts à Broadway dans la reprise d’Un tramway nommé désir. A star is born.