- Lucas Philippe est le troisième Français à être élu à la tête d’Interpol.
- Âgé de 53 ans, ce contrôleur général de la police national est un ancien officier de police judiciaire, passé par la brigade criminelle.
- Élu pour quatre ans, il espère « consolider le rôle de l’organisation en tant que référence mondiale de la sécurité collective ».
Un Français à la tête de l’Organisation internationale de police criminelle. Lucas Philippe a été élu ce jeudi 27 novembre à Marrakech à la présidence d’Interpol, devançant l’Éthiopien Demelash Gebremicheal, la Namibienne Anne-Marie Nainda et le Turc Mustafa Serkan Sabanca.
À 53 ans, ce contrôleur général de la police nationale, actuel conseiller affaires européennes et internationales auprès du directeur général de la police nationale (DGPN), devient le troisième Français à prendre cette fonction au siège de l’organisation à Lyon, après Ivan Barbot (1988-1992) et Mireille Ballestrazzi (2012-2016).
Ancien officier de police judiciaire à Paris, Lucas Philippe est également passé par la section criminelle de la brigade criminelle avant de devenir attaché de sécurité intérieure en Libye ou à Singapour. Il a également fondé plusieurs entreprises en Asie, spécialisées dans le secteur de la technologie et de la sécurité.
Une « légitimité rare et précieuse »
Son profil très opérationnel, autant que son franc-parler, ont visiblement convaincu. « L’international, c’est le national »,
aime-t-il répéter, assurant que la sécurité intérieure dépend directement de l’efficacité de la coopération internationale : « Chaque échange d’information, chaque coopération engagée alimente un cercle vertueux au service de la protection des citoyens »
.
Pour cela, le Français souhaite donc « donner un temps d’avance à la coopération policière internationale », « placer l’humain au cœur de l’action »
d’Interpol, « ancrer Interpol dans les réalités locales »
et « garantir un accès simple, équitable et efficace aux outils d’Interpol ».
Le ministre français de l’Intérieur Laurent Nunez, qui était à Rabat mardi pour soutenir sa candidature, a salué jeudi sur X l’élection de Lucas Philippe. « Son parcours lui confère une légitimité rare et précieuse, alliant plus de 15 années d’expérience dans la lutte contre la criminalité organisée et le terrorisme et une pratique largement éprouvée de la coopération internationale
« , a commenté le ministre.
Je félicite chaleureusement Lucas Philippe pour son élection à la présidence du comité exécutif d’ @INTERPOL_HQ Ce mardi, j’avais tenu à me rendre au #Maroc pour soutenir sa candidature. Son parcours lui confère une légitimité rare et précieuse, alliant plus de 15 années… — Laurent Nuñez (@NunezLaurent) November 27, 2025
L’image d’Interpol écornée
Élu pour quatre ans, Lucas Philippe aura cependant un rôle essentiellement honorifique, en raison des statuts d’Interpol qui font du secrétaire général, le Brésilien Valdecy Urquiza désigné en novembre 2024, le vrai patron de l’organisation. « Mon objectif est clair : consolider le rôle de l’organisation en tant que référence mondiale de la sécurité collective, non seulement face aux crises majeures mais, surtout, comme appui quotidien et concret des pays membres »,
a-t-il néanmoins assuré durant sa campagne. Le Français entend « remettre Interpol au centre du jeu »,
rappelant que son objectif, « c’est qu’Interpol soit utile ».
Il devra par ailleurs s’évertuer à redorer l’image d’une institution fondée en 1923 dont certains anciens présidents ont fait polémique, dont le général émirati à qui il succède, Ahmed Nasser Al-Raisi, élu en 2021 malgré des accusations de torture en France et en Turquie.
Cinq ans plus tôt, c’est l’ancien vice-ministre chinois de la Sécurité publique, Meng Hongwei, qui était à la tête de l’institution. Il avait lui brusquement disparu du siège de l’organisation policière deux ans plus tard, faisant les gros titres de la presse internationale. Au bout d’une dizaine de jours, Pékin avait annoncé qu’il avait été placé en détention en Chine pour des soupçons de corruption. Le dignitaire a ensuite été condamné à 13 ans et demi de prison en 2020.
Autre ancien président à avoir fait parler de lui, le Sud-Africain Jackie Selebi (2004-2008) avait été inculpé pendant son mandat pour corruption et finalement condamné en 2010 dans son pays à 15 ans de prison.










