POLITIQUE – Sidérés, les Européens ? Depuis que Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane de 10 % sur l’ensemble du marché mondial, et de 20 % à l’encontre des produits européens, les dirigeants internationaux semblent pris de court et incapables d’apporter une réponse claire et forte.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen n’a de cesse de dire que la négociation reste la meilleure arme, faute de quoi l’escalade commerciale risque de ne profiter à personne.
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Pourtant, l’Union européenne est bien en train de « construire la riposte », comme l’a assuré le commissaire européen Stéphane Séjourné ce 7 avril sur France Inter. L’ancien ministre de l’Europe et des Affaires étrangères a révélé l’idée sur laquelle planchent actuellement les dirigeants de l’Union : le lancement d’un « bouclier anti-coercition ». Initialement créé pour contrer les ambitions chinoises, il pourrait aujourd’hui servir à se protéger de la guerre commerciale lancée par l’administration Trump.
Concrètement, ce bouclier anti-coercition, que Stéphane Séjourné présente comme « un bazooka économique », permet notamment la création de licences d’importation ou d’exportation. Surtout, il autorise la mise en place de restrictions pour commercer, investir et postuler aux marchés publics. « Nous pourrions décider de retirer l’ensemble des entreprises américaines des marchés publics européens », défend-il.
« Des implications très fortes » pour les entreprises européennes
Tout en étant très précautionneux. « Il y a un certain nombre de services pour lesquels nous n’avons pas d’autres options que de choisir des entreprises américaines, notamment en ce qui concerne les services numériques. Dans ce cas, cela aura des implications très fortes sur les entreprises européennes », assure-t-il. De fait, si certaines compagnies étasuniennes sont du jour au lendemain privées du marché européen, l’un des plus importants au monde, cela aura des répercussions négatives immédiates pour elles. Mais que dire des Européens qui verront subitement leur carnet de commandes considérablement élargi ?
Un examen des besoins « secteur par secteur » pourra être fait. « Il faudra regarder sur quoi on peut le faire », assure l’ancien ministre qui explique que des discussions sont en cours avec « l’administration américaine ».
La réponse européenne pourrait être « extrêmement agressive », a aussi jugé un peu plus tard dans la journée le ministre français du Commerce extérieur, Laurent saint-Martin, appelant à n’exclure « aucune option ».
« Unité » et « proportionnalité »
Début février, au moment des premières annonces faites par Donald Trump, Ursula von der Leyen avait rapidement fait allusion à la possibilité de riposter de manière graduée, expliquant que l’Union européenne « répondrait de manière claire et proportionnée ». Sans toutefois prendre de décision ferme et en cherchant à concilier un maximum d’intérêts. « Nous avons l’un des marchés les plus grands et les plus ouverts au monde. Nous allons bien sûr protéger nos intérêts, nos entreprises et nos travailleurs ».
De toute façon, pour Stéphane Séjourné, si de tels outils contraignants doivent voir le jour, cela ne se fera que « dans l’unité » et en respectant une échelle de « proportionnalité ». Pour ne pas que la guerre commerciale lancée par Donald Trump vire au chaos mondial.
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