Détricoter ses propres personnages. Raconter, comme dans un préquel d’avant la littérature, quels amis, quelles rencontres de la vraie vie les ont inspirés à leur créateur. Qui d’autre que Daniel Pennac pouvait ainsi oser autopsier son œuvre ? Livrer les noms des copains, des éditeurs, des parents et enfants auxquels il a emprunté le visage, le langage et le tempérament pour chacun des héros de sa géniale saga Malaussène ?
Dans cet ouvrage étrange et plein de charme, tourbillonnant va-et-vient entre la fiction et la vie, Pennac rend hommage à la tribu d’individus, la vraie, qui a nourri ses livres. Et on comprend sidérés que tout, dans cette œuvre si fantasque et si inventive, est depuis Au bonheur des ogres un clin d’œil au réel.
Les êtres chers au cœur de Daniel Pennac
Le vrai Robert Soulat, éditeur de la Série Noire, est ainsi entré dans la saga Malaussène sous les traits de Loussa de Casamance, traducteur sénégalais de Chinois. Stojilkovicz, gardien de nuit et partenaire de Benjamin Malaussène aux échecs, ressemble comme un frère au poète croate et cher ami de Pennac, Dinko Stambak. La reine Zabo, patronne fictive des éditions du Talion ? C’est Isabelle Jan, qui fut jadis l’éditrice de l’auteur. Françoise, l’amie de jeunesse, s’est métamorphosée en Thérèse Malaussène, le vieux copain Petit Louis est devenu Jérémy, et c’est à Minne, son épouse, que Pennac a parfois demandé : « Que répondrait Julie à Benjamin s’il lui jurait de l’aimer toujours ? »…
À LIRE A […] Lire la suite