Le peuple soudanais avait donné une leçon de démocratie au monde entier en renversant par un soulèvement pacifique, en avril 2019, la dictature d’Omar Al-Bachir, au pouvoir depuis trente ans (et accusé par la Cour pénale internationale d’avoir commis à partir de 2003 un « génocide » au Darfour). Une telle transition démocratique fut pourtant interrompue, en octobre 2021, par un putsch perpétré par les généraux Abdel Fattah Al-Bourhane, à la tête des Forces armées soudanaises (FAS), et Hamdan Daglo, dit « Hemetti », chef des Forces de soutien rapide (FSR).
Mais les deux putschistes, incapables de concilier leurs ambitions dévorantes, s’affrontent depuis avril 2023 dans une guerre d’autant plus impitoyable que, partie de la capitale, Khartoum, elle s’est progressivement étendue dans le pays. Les victimes civiles se comptent d’ores et déjà par dizaines de milliers, notamment au Darfour, où la progression des FSR, elles-mêmes issues des milices génocidaires de 2003, s’accompagne de carnages à l’encontre de la population non-arabe.
Le prix de l’internationalisation
Le Soudan intéresse peu la communauté internationale, à l’exception, malheureusement, des puissances opposées à l’enracinement d’une alternative démocratique à Khartoum. C’est ainsi que l’Egypte, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, dans la lignée de leur engagement contre-révolutionnaire à la fois constant et implacable, avaient uni leurs forces pour soutenir le putsch de 2021. Mais la « guerre des généraux » qui éclate un an et demi plus tard divise profondément le trio pro-putschiste.
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