- La dermatose nodulaire bovine qui gagne du terrain en France alimente la colère et la souffrance des éleveurs concernés, et ce de près ou de loin.
- Pour cause : perdre son troupeau n’est pas une simple question financière.
- Une équipe de TF1 a recueilli le témoignage d’un agriculteur qui explique très bien ce que représente une telle menace.
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Dermatose nodulaire : les agriculteurs mobilisés
Avant de nourrir son troupeau, Hugo Lafon, éleveur de bovins en Gironde, prend une nouvelle précaution. « Je suis en train de mettre du produit à mouches sur le dos des vaches pour essayer d’éloigner la dermatose »,
explique dans le reportage en tête de cet article l’agriculteur, à la tête de l’élevage de Terre Forte à Saint-Laurent-d’Arce.
Loin d’être efficace contre cette maladie virale qui touche les bovins, c’est avant tout un moyen pour ce dernier de se rassurer : le foyer de contamination s’étend. Il n’est plus qu’à 200 km dans le Gers. « Il y a des vaches qui sont positives, de plus en plus proches de nous »,
rappelle-t-il, avant de confier : « Aujourd’hui, psychologiquement, on ne tient plus. On a peur, on a la trouille. On regarde les réseaux sociaux, on s’appelle entre collègues agriculteurs, même d’autres régions. »
« J’ai mis 18 ans à créer ça »
Sa plus grande inquiétude : être contraint d’euthanasier la totalité de son cheptel en cas de contamination, soit 70 vaches de race bazadaise qu’il connaît par cœur. Hugo les élève seul, 7 jours sur 7. « Elles ont toutes un prénom. Il y a Upi, il y a Inde, il y a Elisabeth… »,
illustre-t-il avant d’ajouter : « L’éleveur qui n’a plus de vaches, qu’est-ce qu’il va faire demain matin dans sa ferme qui est vide ? Il ne va plus entendre ses vaches, il ne va plus entendre les cornadis claquer, les barrières pour les vaches. Il ne va plus démarrer son tracteur. Il n’y a plus rien qui se passe. La vie est morte ».
Dans sa ferme, l’éleveur prend aussi soin de veaux nés sur place et fruit d’une sélection génétique méticuleuse. « C’est la nouvelle génération qui arrive »,
explique-t-il, évoquant « l’avenir de son élevage pour les 15 prochaines années. »
Même si l’État prend tout en charge financièrement en cas d’euthanasie, la valeur de son élevage est aussi dans le travail et dans cette sélection qui s’est faite au fil du temps. « Quand j’ai des femelles, je garde les plus jolies et les meilleures, les plus grandes, les plus grosses »,
précise-t-il. Et de poursuivre : « Aujourd’hui, si on abat tout mon troupeau, le temps de tout relancer, moi, j’ai mis 18 ans à créer ça. Je ne sais pas si dans les dix prochaines années, psychologiquement, je serai capable. Et si techniquement, j’arriverai à le faire. Ça fait 18 ans que j’y travaille.
» En cas d’abattage total, l’État prévoit jusqu’à 2000 euros d’indemnité par bovin. Mais les vaches de race sont rares. Reconstituer un élevage peut durer plusieurs années.








