- L’Arcom a réalisé une enquête sur une tendance TikTok surnommée « Skinnytok », mettant en valeur une maigreur extrême.
- Un signalement que l’autorité française a transmis à la Commission européenne.
- En seulement un mois au printemps, plus de 5.000 publications ont été identifiées, cumulant quelque 100 millions de vues.
En charge de la régulation de l’audiovisuel en France, l’Arcom a annoncé avoir transmis à la Commission européenne le résultat d’une enquête visant TikTok. Ces travaux ont porté sur une tendance surnommée « Skinnytok », qui promeut la maigreur extrême chez les jeunes filles. Elle a été repérée début avril 2025 par les autorités, suite à la publication de plusieurs articles de presse sur le sujet. Au total, 5.522 publications ont été identifiées entre le 24 mars et le 24 avril, a relevé le régulateur dans son enquête.
Des injonctions dangereuses qui ciblent les femmes
L’Arcom souligne que plus de 3.000 créateurs de contenus ont relayé cette tendance, en majorité en langue anglaise. Des contenus qui ont généré près de 100 millions de vues et 9,5 millions de likes sur la période. Ces publications « mettent en avant des habitudes alimentaires restrictives, des morphologies parfois très minces, ainsi que des comparaisons corporelles »
, le tout sous couvert de motivation ou de promotion d’un mode de vie « sain »
, expose l’Arcom dans son rapport.
Derrière cette tendance, on retrouve la défense de pratiques très restrictives comme « ne pas manger, faire toujours plus de sport »
, afin d’être le plus mince possible, écrit l’institution. L’arrivée de l’été est en outre l’occasion de réactiver « les injonctions sociales anciennes sur le corps féminin »
, souligne-t-elle.
D’après l’autorité, « ce phénomène est susceptible de représenter un risque de santé publique »
, en particulier pour les mineurs, le réseau social étant particulièrement populaire chez les jeunes. Il faut rappeler que les mineurs représentent 16% des utilisateurs de la plateforme, sur laquelle ils passent chaque mois plus de 28 heures en moyenne.
D’après l’Arcom, TikTok a réagi en bloquant le mot-clef Skinnytok, mais n’a pas fait le nécessaire pour limiter les contournements du blocage avec des mots-clefs similaires. « Il a fallu attendre la mobilisation citoyenne via une pétition et l’intervention des pouvoirs publics pour que la plateforme prenne enfin des actions concrètes »
, ajoute le régulateur, citant le rapport parlementaire sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs.
Les éléments énumérés dans ce rapport interpellent sur la capacité et la volonté du réseau social de réguler les contenus postés. En avril dernier, TikTok avait pourtant assuré avoir « mis en place des règles strictes contre le body shaming (dénigrement du corps, ndlr) et les comportements dangereux liés à la perte de poids »
en limitant l’accès aux contenus présentant des idéaux corporels néfastes.











