L’ancien spécialiste des sièges français Bill Pallot comparaît depuis mardi devant le tribunal de Pontoise (Val-d’Oise).
Avec son complice Bruno Desnoues, il est accusé d’avoir vendu des faux meubles anciens pour des millions d’euros… dupant jusqu’au château de Versailles.
Retour sur cette vaste affaire d’escroquerie.
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Le 20H
Il est surnommé « Père Lachaise ». Bill Pallot, un des plus grands experts du mobilier royal du XVIIIe siècle, est également un redoutable faussaire. Ce dernier comparaît depuis mardi devant le tribunal de Pontoise (Val-d’Oise) dans une vaste affaire d’escroquerie qui a secoué le monde des antiquaires il y a neuf ans. De l’exceptionnelle paire de chaises garnies du salon de compagnie de Mme du Barry, dernière favorite de Louis XV, au deux chaises issues du pavillon du Belvédère du petit Trianon de Marie-Antoinette… derrière ces raretés vendues pour plusieurs centaines de milliers d’euros au château de Versailles se cachait une supercherie de haut vol.
Pour nous, Bill Pallot était l’expert auquel il fallait justement se référer
Pour nous, Bill Pallot était l’expert auquel il fallait justement se référer
Laurent Salomé, directeur du musée national du Château de Versailles
La prestigieuse institution, qui compte pourtant les meilleurs observateurs du monde, n’a rien vu. « Pour nous, Bill Pallot était l’expert auquel il fallait justement se référer si on devait se poser des questions sur l’authenticité d’un objet. Tout était fait pour que le piège soit parfait. C’était très difficile d’y échapper, avec en plus, des objets qui sont fabriqués de façon assez diabolique », commente Laurent Salomé, directeur du musée national du château de Versailles, dans le reportage en tête de cet article.
Les faux chefs-d’œuvre ont été vendus par la galerie Kraemer. La justice reproche à son directeur de ne pas avoir suffisamment vérifié l’authenticité des biens avant de les vendre.
Le château de Versailles n’est pas la seule victime de cette dupe. En 2015, un prince du Qatar s’offre deux chaises pour 2 millions d’euros, présentées comme celles de la reine Marie-Antoinette. Bill Pallot parvient même à les faire classer trésor national, alors qu’elles sont fausses.
Il faut dire que pour un artisan chevronné, fabriquer de tels meubles n’est pas si compliqué. « Avec l’expérience, on acquiert une habileté et un savoir-faire comme ce qu’on pouvait faire au XVIIIe siècle », reconnaît le restaurateur de meubles, Laurent Proust, dans le reportage de TF1 ci-dessus.
La supercherie de Bill Pallot, elle, est révélée par le plus grand des hasards. En 2014, un régisseur et une coiffeuse, tous deux en couple et au patrimoine de 1,2 million d’euros, suscitent l’intérêt des services fiscaux. En remontant le fil de cette fortune, les agents découvrent que le mari vend certains meubles du menuisier aux mains d’or, Bruno Desnoues, afin de brouiller les pistes et échapper au Fisc. Bruno Desnoues et Bill Pallot risquent jusqu’à cinq ans de prison et 375.000 euros d’amende.