- 14e jour d’audience au procès de Cédric Jubillar, jugé pour « meurtre par conjoint ».
- La cour a procédé ce lundi à la fin de son interrogatoire récapitulatif.
- Malgré des contradictions, l’accusé clame toujours son innocence après la disparition de sa femme Delphine en décembre 2020.
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La disparition de Delphine Jubillar
Suite et fin ce lundi de l’interrogatoire récapitulatif de Cédric Jubillar, consacré aux 15 et 16 décembre 2020, jour de la disparition de sa femme, Delphine Jubillar. Pendant plusieurs heures, l’accusé, jugé depuis le 22 septembre et jusqu’à vendredi prochain, 17 octobre, pour « meurtre par conjoint » par la cour d’assises du Tarn, a été sous le feu des questions et mis face à certaines contradictions dans ses déclarations.
Pour autant, l’accusé, âgé de 38 ans et incarcéré depuis le 18 juin 2021, n’a rien lâché et a continué de clamer son innocence dans cette affaire pour laquelle il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. « Je vous l’ai déjà dit, je n’ai pas tué Delphine »,
a lancé ainsi le peintre-plaquiste répondant alors à l’une des questions d’une avocate de la partie civile.
Des contradictions sur les promenades des chiens
Que s’est-il passé alors entre le 15 et le 16 décembre 2020 ? Cédric Jubillar a expliqué aujourd’hui à la cour être rentré à la maison à 18h30 de son chantier, sa femme était « sur son téléphone »
la majeure partie de la soirée avec son amant, Donat-Jean Macquet, et devant la télé. Il a ensuite joué avec les petits aux Lego puis préparé le dîner avant que tous ne soupent devant le petit écran. Delphine Jubillar serait alors partie coucher Elyah, leur fillette de 18 mois, tandis que lui est sorti « promener les chiens »
en fumant son « joint »
et en jouant à Game of Thrones.
En rentrant chez lui, il aurait pris une douche, et demandé à sa femme et son fils de venir lui faire un câlin. Les deux seraient restés environ 5 minutes à ses côtés avant de repartir devant leur émission de télévision. « Après, je me suis endormi »,
a déclaré l’accusé à la cour. La présidente a immédiatement relevé une première contradiction. Car aux gendarmes, l’accusé n’avait jusqu’à présent jamais dit qu’il avait sorti les deux shar-peï, mais que c’est son épouse qui s’en était chargée et que lui était juste sorti pour fumer.
Pourquoi a-t-il omis cet élément ?« Je ne sais pas. Ça ne m’est pas venu à l’esprit de leur dire ça depuis le début »,
a dit Cédric Jubillar. Pourquoi Delphine Jubillar serait alors ressortie avec les chiens plus tard ? « Elle va les promener beaucoup plus tard que ça, Delphine »
, a répondu l’accusé. Plusieurs témoins ont pourtant affirmé que l’infirmière disparue ne sortait jamais les chiens le soir car elle avait peur du noir.
Une autre contradiction apparaîtra plus tard sur les canidés. Quand Cédric Jubillar a appelé les gendarmes le 16 décembre à l’aube pour leur signaler la disparition de sa femme, il leur a dit que celle-ci allait promener les chiens de temps en temps. Ce lundi à l’audience, il a utilisé le terme « habituellement
« . « J’avais pas les idées très claires à 4h30 »
, a justifié l’accusé.
Consultations de sites pornographiques le 16 décembre
La présidente Hélène Ratinaud a également constaté que ce 15 décembre au soir, Cédric Jubillar n’a pas consulté de sites pornographiques, ce qu’il faisait à cette époque quasi quotidiennement. « Ce soir, j’étais extrêmement exténué, j’en avais pas envie. Le parquet, ça m’avait claqué »
, a expliqué le détenu évoquant son chantier d’alors. Le 16 décembre pourtant, alors qu’il a été réveillé peu après 3 heures du matin et qu’il n’a pas redormi après avoir constaté la disparition de sa femme, il a regardé des sites porno. « C’était une journée dense mais pas fatigante »
, s’est défendu l’accusé.
Cédric Jubillar a donc maintenu s’être couché vers 22h40, et ne « pas s’être relevé »
avant l’aube, quand sa fille l’a réveillé en pleurs. A-t-il une explication alors à la disparition de son épouse ? « Je n’en ai aucune, je voudrais en avoir une pour pouvoir la donner à mes enfants »
, a assuré l’accusé, précisant que lui et ses proches avaient toujours dit que « maman était partie en forêt et qu’elle s’était perdue »
. Selon lui, sa femme ne s’est pas suicidée. Il « n’espère pas »
non plus que son départ soit volontaire.
« Vous ne croyez pas qu’elle est morte ? »
, a demandé à l’accusé Me Nakache, avocat des deux frères et de la sœur de Delphine Jubillar. « À force si, mais j’espère bien que non quand même. J’espère qu’elle soit toujours vivante »,
« , a lâché l’accusé.
Il a utilisé la carte bancaire de sa femme disparue
Outre la consultation de sites X qui peuvent interpeller quelques heures après une disparition, Cédric Jubillar a confirmé avoir utilisé la carte bancaire de sa femme le 16 décembre pour acheter son « herbe ou son shit »,
« pour les tâches quotidiennes »
, « faire des courses, payer les cadeaux de Noël des petits ».
» Si votre épouse avait disparu volontairement, ne pensez-vous pas qu’elle aurait pu avoir besoin d’argent ? »,
a questionné la présidente Hélène Ratinaud.
« Peut-être si », a répondu l’accusé avant de justifier cet usage. « J’en avais l’utilité pour les enfants, pour la maison et après pour mon propre plaisir. (…) », a-t-il dit, espérant « que Delphine était partie faire un tour et qu’elle revienne. »
Cédric Jubillar a donné son alliance à son ex
Un détail n’a encore une fois échappé à personne ce lundi, Cédric portait à nouveau à l’annulaire gauche une bague. Il a expliqué que ça n’était pas son alliance, mais un cadeau de son ex-petite amie Jennifer C., son ex qui a raconté aux enquêteurs que le peintre-plaquiste lui avait avoué avoir tué son épouse.
« Vous portez la bague offerte par une femme qui vous accuse devant la cour d’assises où vous encourrez la réclusion à perpétuité ? »,
s’est étonnée Me Pauline Rongier, qui représente une amie de Delphine. « Oui, parce que j’aime les bijoux »,
a soutenu l’accusé. Où a-t-il mis alors son alliance ? Selon lui, c’est son ex Jennifer C. qui l’a, elle en avait à l’époque besoin pour connaître son tour de doigt…
Le fils de l’accusé a rapporté des insultes et des violences
Au terme de l’interrogatoire enfin, la présidente a lu une lettre que lui a récemment adressée Louis, le fils de l’accusé. « Madame la Présidente, je voudrais témoigner de ce que Cédric Jubillar m’a fait subir »
, écrit le petit garçon, 11 ans aujourd’hui, avant de lister les punitions reçues de la main de l’accusé sans jamais le désigner autrement que par « Cédric ».
Dans sa lettre, Louis, dit que son père l’insultait, le traitait de « petit ou de gros con »
. Une fois, selon lui, Cédric Jubillar l’aurait frappé si fort derrière la tête qu’une dent s’est arrachée et est tombée.
« Qu’en pensez-vous ? »
, a demandé Hélène Ratinaud au père de famille. « Que c’est triste »
, a répondu laconiquement l’accusé, impassible lors de la lecture du courrier.
Le reste de la semaine sera consacré aux plaidoiries des parties civiles et de la défense, ainsi qu’au réquisitoire des deux avocats généraux. Le verdict est attendu vendredi. Cédric Jubillar encourt la réclusion à perpétuité.










