Dix mille pas et plus. « La crainte de tout sportif est de finir sur une blessure et de ressentir ce sentiment douloureux de devoir abandonner avant d’avoir pu tout donner », racontait récemment Renaud Lavillenie. Opéré en septembre 2023, à la suite d’une atteinte des tendons ischio-jambiers, le perchiste de 37 ans est encore en quête des minima (5,82 mètres) pour se qualifier aux JO de Paris, qui seraient ses quatrièmes Jeux.
A quelques semaines de l’échéance, se blesser est la hantise de nombreux athlètes. « C’est une épée de Damoclès, car aujourd’hui on n’est pas capable d’éliminer ce risque », acquiesce le professeur Pascal Edouard, médecin du sport au CHU de Saint-Etienne. « On sait qu’une blessure est un événement quasi inéluctable dans la vie d’un sportif et que le premier facteur de risque est… un antécédent de blessures », poursuit le médecin, également chercheur à l’université Jean-Monnet de Saint-Etienne, spécialisé dans la prévention de ces accidents.
Pour remonter aux sources, mieux comprendre la première blessure et ses conséquences potentielles sur les pratiques, Pascal Edouard a conduit une étude auprès d’athlètes de haut niveau, c’est-à-dire pratiquant la compétition à un niveau national ou international, licenciés entre 2007 et 2021 à la Fédération française d’athlétisme, dans la catégorie moins de 18 ans, moins de 20 ans ou moins de 23 ans. Sur les 6 560 sportifs éligibles contactés, 544 ont répondu. C’est sur cet effectif conséquent que repose ce travail, dont les résultats ont été publiés dans BMJ Open Sport & Exercise Medicine en janvier. L’épidémiologiste Debbie Palmer (université d’Edimbourg, Ecosse), également spécialiste de la prévention des blessures sportives, figure parmi les signataires.
Promouvoir l’hygiène de vie
L’étude confirme d’abord que la plupart des athlètes (94 %) ont expérimenté une blessure dans leur parcours. La première survient en moyenne à 17 ans et demi, après six ans de pratique. Les disciplines les plus concernées sont les sauts (20,8 %), les courses de moyenne et longue distance (20,4 %) et les sprints (19,8 %). La face postérieure de la cuisse (28,9 %), la cheville (16,5 %) et le genou (12,6 %) sont les zones les plus touchées par ces lésions, qui sont de nature musculaire le plus souvent (37,7 % des cas) tendineuse ou ligamentaire. Les conséquences sont loin d’être négligeables : parmi les 20 % d’athlètes qui ont arrêté la compétition, la moitié l’a fait à cause de blessures. La première blessure représente à elle seule 10 % des causes d’arrêt de la pratique à haut niveau.
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