Lundi, deux corps grièvement blessés ont été retrouvés sur la voie publique à Xertigny (Vosges).
Les deux septuagénaires, dont un prêtre à la retraite, ont succombé à leurs blessures.
Un suspect a été interpellé juste après les faits au domicile du frère de l’une des victimes, et est actuellement en hôpital psychiatrique.
Des faits d’une rare violence qui ont choqué toute la commune. Lundi dernier, en pleine journée, deux corps inanimés et grièvement blessés ont été retrouvés par des promeneurs sur une route peu fréquentée en zone pavillonnaire et proche de la forêt sur la commune de Xertigny dans les Vosges.
Alertés, les gendarmes n’ont pu que constater à leur arrivée le décès de cet homme, identifié comme le Père Pierre Panon, un prêtre du diocèse de Nancy et Toul à la retraite, et de cette femme, tous deux âgés de 76 ans. « Les deux corps avaient le crâne fracassé, la femme étant en position recroquevillée à proximité d’un muret, l’homme au milieu de la chaussée. À proximité des corps étaient retrouvées plusieurs pierres ensanglantées, de la taille d’un gros pavé, ainsi qu’une canne brisée », révèle le procureur de la République d’Épinal ce mercredi dans un communiqué.
Un suspect interpellé juste après la découverte des corps
Immédiatement, les gendarmes ont procédé à des constatations avant de partir à la recherche d’éventuels témoins. Après avoir sonné à la porte d’une maison située directement en face des deux corps, un homme, présentant des traces de sang sur ses pieds nus, leur a ouvert la porte déclarant « être chez des amis et savoir pourquoi les gendarmes étaient là », rapporte le magistrat.
L’individu a ensuite tenté de refermer la porte avant de donner une claque à l’un des gendarmes. Interpellé dans la foulée par les militaires, le suspect, qui n’était pas alcoolisé, mais qui avait consommé du cannabis, s’est mis à hurler en attendant d’être évacué des lieux. Après la notification de ses droits, l’individu a été transporté au centre hospitalier d’Épinal. Vu par un médecin, ce dernier a estimé que son état était incompatible avec une garde à vue. La mesure a donc été levée et le suspect hospitalisé sous contrainte à l’hôpital psychiatrique de Ravenel où il se trouvait toujours ce mercredi.
Il s’était installé chez le frère de l’une des victimes
Depuis, de nombreuses investigations ont été menées par les enquêteurs. Celles-ci ont permis d’établir que le domicile où le mis en cause a été interpellé était celui du frère de la femme décédée. Le propriétaire était parti en vacances et avait demandé à sa sœur de garder sa maison. Lors de la perquisition, un casque SNCF avec une trace de sang et un pantalon noué avec des taches de sang ont été retrouvés.
Par ailleurs, la perquisition d’un local SNCF abandonné jouxtant la gare de Xertigny a mis en évidence qu’un individu avait tenté d’allumer un feu avec des appareils électro-ménagers, sans succès, « ces éléments étaient à mettre en relation avec le témoignage d’un riverain qui avait remarqué le 30 mars, veille des faits, de la lumière et du bruit dans ce local SNCF, ce qui était inhabituel », précise Frédéric Nahon, procureur.
Grâce à ces diverses informations et à l’audition de pas moins de 25 témoins, une chronologie des faits a pu être réalisée. Ainsi, il apparait que le mis en cause a, lundi dernier entre 13h30 et 14h30, cheminé depuis le local de la gare jusqu’au domicile du frère de la victime en passant par un escalier situé entre les habitations et accessible au public.
« Durant cet intervalle, il n’est pas possible, en l’état, de dire si le mis en cause a pénétré dans le domicile en l’absence des victimes ou en leur présence » souligne le magistrat. Ce dernier, après la commission des faits, a réintégré la maison où il a été interpellé.
Quid du mobile ?
À ce stade des investigations, aucun élément ne permet d’établir un lien entre la qualité de prêtre de l’une des victimes et le passage à l’acte du suspect. Ce dernier, âgé de 34 ans et originaire de Mayotte n’a pas encore été entendu. Il a été examiné ce jour par un expert-psychiatre. Le mobile demeure donc totalement inconnu pour l’heure.
Ayant résidé sur plusieurs communes sur le territoire français, il résidait désormais à Épinal depuis une date indéterminée.
Concernant ses antécédents judiciaires, il a été condamné une seule fois par le tribunal correctionnel de Saint-Denis-de-la-Réunion le 17 mai 2018 pour des faits de « violation de domicile et de dégradation du bien d’autrui » à la peine de 3 mois d’emprisonnement délictuel intégralement assorti d’un sursis simple. Par ailleurs, il a été impliqué dans huit affaires traitées par plusieurs parquets entre 2009 et 2022. Il est notamment à relever deux cas de violation de domicile (2015 et 2018) et un cas de violence avec arme classé sans suite pour état mental déficient ou pour irresponsabilité pénale » souligne Frédéric Nahon.
Des vérifications sont en cours sur d’éventuels précédents séjours en hôpital psychiatrique.
Il devrait être entendu à sa sortie de l’hôpital
Les investigations se poursuivent dans le cadre de l’enquête de flagrance, dans l’attente de l’audition du mis en cause sous le régime de la garde à vue à sa sortie de l’hôpital psychiatrique.
À l’issue, une information judiciaire sera ouverte des chefs d’ »homicide étant précédé, accompagné ou suivi d’un autre crime » et « violences sur militaire de la gendarmerie avec incapacité totale de travail inférieure à huit jours ».