C’est une étape cruciale mais pas la dernière. Au terme d’une batterie de tests au sol (roulage, vibration, essai moteur…) démarrés en janvier 2024, le premier prototype de l’avion biplace dans sa version entièrement électrique, conçu par Aura Aero, a effectué un premier vol de douze minutes, mardi 3 novembre, depuis la piste de l’ancienne base militaire de Toulouse-Francazal à Cugnaux, près de Toulouse. De retour sur la terre ferme, vers 9 heures, les deux pilotes, Hervé Poulin et Guillaume Garnier, ont été vivement applaudis par les salariés, les uniques spectateurs de l’événement.
« C’est un moment de fierté et de réussite pour toute l’équipe d’Aura Aéro », savoure Jérémy Caussade, cofondateur et président de l’avionneur toulousain Aura Aero. L’Integral E – c’est son nom –, fabriqué en bois (70 %) et en carbone (30 %) et assemblé sous le vaste hangar HM7 de la société au bord des pistes de l’ex-plateforme aéroportuaire, se destine à la formation des pilotes civils et militaires et au secteur du remorquage des planeurs.
Ce premier vol ouvre le ciel à une campagne d’essais de plusieurs semaines. Mais il reste encore du chemin à parcourir pour voir dans les airs cet avion de 650 kilogrammes à vide, doté d’un moteur électrique (Engineus) de l’équipementier Safran et de plusieurs batteries au lithium à fort voltage. Car l’entrée en service de ce biplace sera possible dès 2026 une fois la certification délivrée par l’Agence de l’Union européenne pour la sécurité aérienne (EASA).
« Une longueur d’avance »
D’ici là, l’aéronef va subir d’importantes améliorations. « L’avion va évoluer et nous amener à la version définitive qui sera probablement très différente. Elle disposera d’une autonomie de vol de près d’une heure et sera équipée de batteries capables de se recharger vite. Ses coûts d’acquisition et d’utilisation seront extrêmement maîtrisés », expliquait Jérémy Caussade, au Monde, lors d’une rencontre cet été dans son bureau.
Si cet événement est la preuve pour cet ex-ingénieur d’Airbus que « l’accélération de la décarbonation du transport aérien » est en marche, il conforte également le positionnement dans l’aviation légère du petit avionneur de 250 salariés, né en 2018. « A l’échelle mondiale, l’américain Bye Aerospace est le seul avionneur capable de travailler sérieusement sur l’avion 100 % électrique. En Europe, nous ne sommes que deux avec Diamond Aircraft, affirmait-il. Mais, dans cette compétition, on a une longueur d’avance car Integral E détient plusieurs premiers agréments européens à son actif. » En avril 2024, l’aéronef obtenait, par exemple, l’approbation des conditions de vol pour permis de voler délivrée par l’EASA.
Il vous reste 37.72% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.