Le ministre de l’Économie Éric Lombard a indiqué ce week-end que « 40 milliards d’euros d’efforts supplémentaires » seront réalisés en 2026.
Le Premier ministre François Bayrou, lui, va sensibiliser ce mardi les Français aux « pathologies » budgétaires de leur pays.
Pourquoi le gouvernement prépare-t-il si tôt le budget de l’an prochain ?
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Des milliards d’euros d’économies, une conférence publique convoquée par François Bayrou… Nous ne sommes qu’au mois d’avril et le budget 2026 est déjà dans toutes les têtes. Il ne doit pourtant entrer en vigueur que dans huit mois, le 1ᵉʳ janvier prochain, mais l’exécutif prépare le terrain.
La France va devoir réaliser « un effort supplémentaire de 40 milliards d’euros » l’an prochain, a prévenu le ministre de l’Économie Éric Lombard. « Nous allons légèrement baisser la dépense publique par rapport à son niveau de 2025. Cet effort va demander la participation de tous. » Des propos habituellement entendus à l’automne, au moment de la préparation du budget… qui arrive cette année six mois plus tôt.
« Un budget très différent de 2025 »
Il faut dire que le Premier ministre vante une méthode différente. Dès le mois de janvier, avant même l’adoption du budget 2025, François Bayrou s’était projeté sur celui de l’an prochain. En affirmant changer le processus. « L’habitude pour faire un budget, c’est de prendre celui de l’année précédente pour l’augmenter automatiquement à peu près du montant de l’inflation », expliquait-il sur LCI. Ce qu’il avait lui-même fait en partant des travaux du gouvernement précédent. « Cela ne peut plus durer comme cela. Notre organisation n’a pas été revue depuis quatre ou cinq décennies, alors qu’elle doit être repensée en profondeur. »
Dès lors, le chef du gouvernement promettait « un budget 2026 très différent de celui de 2025 ». « L’action de l’État devra être différente », martelait François Bayrou. « Il faut reprendre sur une page blanche les politiques publiques et que nous examinions les moyens que nous y mettons. » D’où l’idée de s’y atteler avec un semestre d’avance. « Nous avons une méthode radicalement nouvelle, avec le Premier ministre, qui est de construire ce budget dès » le 15 avril, a d’ailleurs insisté le ministre de l’Économie sur BFMTV (nouvelle fenêtre).
Un texte qui peut faire tomber le gouvernement
D’autant que le Premier ministre connaît les dangers d’un tel texte. Dans une Assemblée nationale morcelée et sans majorité, François Bayrou, s’il est encore à Matignon au moment des discussions sur le budget, pourrait utiliser l’article 49.3 de la Constitution pour l’adopter. Il prendrait alors le risque d’être renversé par une motion de censure… comme son prédécesseur Michel Barnier l’avait été au début de l’hiver 2024.
Celle déposée par une partie de la gauche, en février dernier, n’avait été votée ni par le Parti socialiste, ni par le Rassemblement national. Qu’en sera-t-il si le PS et le RN ne trouvent pas leur compte dans le prochain budget, alors qu’Emmanuel Macron aura retrouvé cet été son pouvoir de dissolution de l’Assemblée nationale et de convocation d’élections législatives anticipées ? D’où l’intérêt d’anticiper un texte ô combien périlleux…