C’est comme si les démocrates avaient retrouvé confiance et dynamisme en quelques jours. Portée par l’enthousiasme autour de son irruption dans la course à la Maison Blanche après le retrait de Joe Biden, Kamala Harris a tenu, mardi 23 juillet, un discours résolument tourné vers l’avenir lors de son premier meeting de campagne.
A Milwaukee dans le Wisconsin, un Etat décisif pour son duel probable contre Donald Trump, la candidate démocrate est montée sur scène au son de Freedom, la chanson de Beyoncé, et n’a pas hésité à attaquer son rival, le taxant d’« extrémisme » et décrivant sa politique comme dépassée et rétrograde.
Le candidat du Parti républicain à la présidentielle de novembre « veut ramener notre pays en arrière », a lancé la vice-présidente des Etats-Unis dans une allocution énergique. « Mais nous ne reviendrons pas en arrière », a-t-elle continué devant un parterre de partisans électrisés. « Voulons-nous vivre dans un pays de liberté, de compassion et d’Etat de droit, ou dans un pays de chaos, de peur et de haine ? », a-t-elle ajouté, en accusant son adversaire d’être à la solde des milliardaires et de chercher à affaiblir la classe moyenne.
Ce dernier, qui tenait une conférence de presse virtuelle au même moment, a lui assuré que Kamala Harris serait « plus facile » à battre que Joe Biden lors de l’élection, en se disant prêt à débattre avec elle. « Je serais prêt à participer à plus d’un débat, en fait », a-t-il déclaré.
Avortement et lutte contre la pauvreté
Pendant ce temps, Joe Biden, rétabli du Covid, est retourné à la Maison Blanche, après un confinement de près d’une semaine dans sa maison de vacances de Rehoboth, sur la côte Atlantique. C’est de là qu’il a rédigé dimanche une lettre aux Américains annonçant son retrait de la campagne, l’un des plus grands bouleversements politiques de l’histoire moderne, et sur lequel il s’expliquera mercredi soir lors d’une adresse à la nation.
Il avait dans la foulée transmis le flambeau à sa vice-présidente de 59 ans, qui dispose maintenant de moins de quatre mois pour convaincre les Américains. L’ancienne sénatrice de Californie a promis, à Milwaukee, de défendre le droit à l’avortement, de lutter contre la pauvreté et de renforcer la classe moyenne.
Le choix de cette ville du Wisconsin n’est pas un hasard : c’est là que s’est déroulée, la semaine dernière, la convention des républicains, lors de laquelle Donald Trump a été investi comme le candidat du parti pour l’élection du 5 novembre. Pendant quatre jours, cette grand-messe a démontré la mainmise absolue de l’ancien président sur les républicains. Le milliardaire, qui a survécu à une tentative d’assassinat, a été reçu en héros et couronné en grande pompe.
Mais le Wisconsin fait aussi, et surtout, partie de la poignée d’Etats qui devraient décider du sort de l’élection présidentielle. Donald Trump semblait jusqu’ici mener la course dans cet Etat face à Joe Biden mais il est encore trop tôt pour dire s’il conservera cette avance face à Kamala Harris.
Des premiers sondages équilibrés
La candidate n’est en campagne que depuis dimanche mais elle est déjà assurée du soutien de la majorité des délégués démocrates – quelque 4 000 personnes chargées de désigner officiellement le ou la candidate du parti. Les chefs des démocrates au Sénat et à la Chambre des représentants, Chuck Schumer et Hakeem Jeffries, parmi les derniers ténors du parti à ne pas s’être rangés publiquement derrière sa candidature, ont annoncé mardi la soutenir. La vice-présidente a également reçu le soutien de la star d’Hollywood George Clooney, l’un des premiers grands donateurs démocrates à avoir appelé Joe Biden à se retirer, ainsi que de la milliardaire et philanthrope Melinda French Gates, ex-épouse du cofondateur de Microsoft Bill Gates.
Le puissant syndicat des métallurgistes, l’USW, lui a également apporté son appui, soulignant dans un communiqué que Mme Harris avait toujours défendu les intérêts des travailleurs durant ses quatre années aux côtés de Joe Biden.
Le Monde Application
La Matinale du Monde
Chaque matin, retrouvez notre sélection de 20 articles à ne pas manquer
Télécharger l’application
Illustration de l’enthousiasme autour de la candidature de Kamala Harris : son équipe de campagne a annoncé mardi matin avoir levé plus de 100 millions de dollars depuis qu’elle s’est déclarée candidate (plus de 92 millions d’euros), dont 62 % de premières donations pour une campagne démocrate.
Et les premiers chiffres depuis son nouveau statut dessinent un rapport de force équilibré avec Donald Trump : selon un sondage Reuters/Ipsos publié mardi aux Etats-Unis – l’un des premiers réalisés depuis que le président américain Joe Biden s’est retiré de la course à la Maison Blanche –, Mme Harris surpasse M. Trump de deux points, à 44 % d’intentions de vote contre 42 %. La semaine dernière, ils étaient à égalité à 44 % dans une enquête réalisée par le même institut. Mais la course reste serrée : un autre sondage PBS News/NPR/Marist, réalisé lundi, donne la démocrate un point derrière le républicain, à 45 % contre 46 %.