Un spécialiste de la faune sauvage a publié un article dans la revue scientifique Nature, dans lequel il évoque la sauvegarde des rhinocéros sauvages.
Selon lui, légaliser (et encadrer scrupuleusement) commerce de leurs cornes serait la meilleure solution.
Il explique son raisonnement et indique qu’il était lui-même opposé à cette idée il y a quelques années en arrière.
Menacées d’extinction, quatre des cinq espèces de rhinocéros vivant à travers le monde sont aujourd’hui en danger. En cause : le braconnage et le trafic des cornes, utilisées dans la médecine traditionnelle asiatique et auxquelles on prête des vertus aphrodisiaques.
Pour tenter de protéger ces animaux et d’éviter leur disparition, Martin Wikelski a proposé (nouvelle fenêtre) dans la revue scientifique Science une solution qui peut surprendre. Selon ce spécialiste de la faune sauvage, membre l’Institut Max Planck en Allemagne, le commerce international des cornes de rhinocéros devrait être légalisé.
Légaliser pour mieux protéger ?
« Il y a quelques années, j’étais très opposé à cette idée, mais aujourd’hui, en considérant la situation désastreuse dans laquelle nous nous trouvons, je crois que nous devons changer notre attitude sur la question du commerce de cornes de rhinocéros », plaide Martin Wikelski.
Son idée, résume (nouvelle fenêtre) le Guardian, consisterait à prélever les cornes de ces mammifères pour en faire pousser de nouvelles. Les cornes prélevées seraient alors vendues, afin de bénéficier de sommes qui seraient allouées à la protection des rhinocéros. À l’heure actuelle, précise le quotidien britannique, les cornes retirées sont stockées dans des coffres-forts sécurisés. « Les syndicats du crime international ont surmonté toutes les contre-mesures mises en place par les défenseurs de l’environnement pour défendre les rhinocéros contre les braconniers », déplore le spécialiste. « Le résultat a été une chute drastique du nombre d’animaux. En légalisant le commerce de la corne de rhinocéros, nous pouvons reprendre le contrôle du marché et mettre un terme à cette disparition », estime-t-il.
« Un marché légal de cornes de rhinocéros pourrait accroître la demande, offrir des opportunités de blanchiment d’argent et compliquer la capacité des forces de l’ordre à distinguer les sources légales des sources illégales », a réagi Rascha Nuijten, directrice de la Future For Nature Foundation. Une opinion, elle aussi, publiée dans la revue Nature et qui illustre les points de vue très divergents en matière de préservation de ces espèces menacées.
Au début du 20ᵉ siècle, un demi-million de rhinocéros parcouraient l’Afrique et l’Asie. En 1970, leur nombre était tombé à 70.000, et il en reste aujourd’hui environ 27.000 sur la planète, répartis en cinq espèces : deux en Afrique, le rhinocéros noir et le rhinocéros blanc, et trois en Asie : le rhinocéros de Java, celui de Sumatra ainsi que le rhinocéros à une corne.
Alors que la moitié des rhinocéros est gérée par des propriétaires privés, la hausse de la demande de cornes vient affaiblir les mesures de protection. Les propriétaires fonciers, agissant en tant que gardiens de ces espèces, abandonnent pour certains leur rôle de gardien. La faute aux coûts croissants liés à la protection contre les braconniers, ainsi qu’aux menaces pesant sur leur propre sécurité.