Comment vont les start-up et les entreprises innovantes en France, en Allemagne ou encore en Espagne, à l’heure où les difficultés structurelles s’accumulent pour l’économie du Vieux Continent ? Atomico, un grand fonds de capital-risque basé à Londres, se penche sur le sujet, dans son rapport annuel sur « l’état de la tech européenne », publié mardi 19 novembre. Pour la dixième édition de cette enquête, les auteurs ont pris le parti d’étudier sur le temps long comment a évolué cet écosystème, et quelles sont les faiblesses qui continuent de le pénaliser.
Un chiffre est particulièrement marquant : en 2024, les levées de fonds des jeunes pousses européennes devraient atteindre 45 milliards de dollars (42,5 milliards d’euros). Un montant qui pourrait paraître décevant en comparaison des 101 milliards de dollars récoltés en 2021, année record, mais qui reste supérieur à l’ensemble des tours de table réalisées sur le Vieux Continent entre 2005 et 2014.
Certes, les perspectives sont plus incertaines aujourd’hui pour les entrepreneurs que pendant la parenthèse de la pandémie de Covid-19 – où l’argent coulait à flots pour les acteurs du numérique –, mais la tendance de fond est à un accroissement net du poids des nouvelles technologies dans l’économie.
Avec l’IA, l’espoir d’un nouvel élan
Ainsi, ce tissu des entreprises innovantes emploie-t-il désormais 3,5 millions de personnes, soit environ 3 millions de plus qu’il y a dix ans. Dans le même intervalle de temps, le nombre de start-up – des plus jeunes aux plus mûres – a quasiment quintuplé pour approcher le nombre de 40 000, de même que celui des licornes (les start-up valorisées plus de 1 milliard de dollars), qui s’élève désormais à près de 360.
Certes, le coup de frein qui est intervenu sur le financement de la tech en 2021 et 2022 a été violent, mais le décrochage est interrompu, et Atomico anticipe un retour à la croissance des montants levés d’ici à 2025. Par ailleurs, l’Europe voit dans la dernière vague des innovations technologiques, comme l’intelligence artificielle, ou la transition énergétique, l’espoir d’un nouvel élan. « Il y a une course pour cette nouvelle vague d’innovations. On peut la gagner, on a les talents, les compagnies, mais on a besoin de plus de capitaux pour soutenir ces entreprises », estime Sarah Guemouri, coautrice du rapport.
Or, c’est là que le bât blesse encore. Alors que les start-up des écosystèmes américain et chinois se financent à 80 % localement pour les levées de plus de 15 millions de dollars, les jeunes pousses de Pologne, d’Irlande ou d’Italie doivent le plus souvent recourir à des financements extra-européens, généralement américains, qu’il s’agisse de fonds de capital-risque ou d’une introduction en Bourse outre-Atlantique. C’est par exemple le choix que vient de faire la fintech suédoise Klarna, qui a annoncé mercredi 13 novembre avoir entamé les démarches pour être cotée au pays de l’Oncle Sam.
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