La boulangerie-pâtisserie Ops de Séoul, « maison de qualité depuis 1989 », sise au sous-sol du grand magasin Lotte, propose d’alléchants gâteaux, sandwichs et autres pains. Le client hésite et choisit. A la caisse, l’employée emballe chacun des produits dans des sachets en plastique. Or la plupart étaient déjà sous plastique. Ops n’a rien d’unique. Paris Baguette, Paris Croissant… Toutes les enseignes font de même. Les boîtes de gâteaux fermées par un film en plastique s’ouvrent le plus souvent sur des friandises, emballées une par une dans du plastique.
C’est peu dire que la Corée du Sud consomme du plastique, pour la nourriture, les cadeaux et les commandes en ligne. La production de déchets plastiques est passée de 9,6 millions de tonnes en 2019 à 12,6 millions de tonnes en 2022, une hausse de 31 % en trois ans. De quoi s’interroger alors que se déroule à Pusan (dans le sud-est de la péninsule), du 25 novembre au 1er décembre, le cinquième et normalement dernier cycle de négociations onusiennes du traité mondial devant mettre fin à la pollution plastique, l’Intergovernmental Negotiating Committee (INC-5). « Pour atteindre nos objectifs climatiques et résoudre la crise du plastique, l’unique solution consiste à réduire la production de plastique », rappelle Nara Kim, responsable de la campagne sur les plastiques à Greenpeace Séoul.
Le président conservateur, Yoon Suk Yeol, a promis le 19 novembre lors du sommet du G20 d’appuyer la conclusion d’un accord car, selon lui, « des efforts pour réduire la pollution plastique doivent être faits » pour le développement durable.
A la barre des négociations, Séoul penche néanmoins du côté de pays comme l’Arabie saoudite ou l’Iran, favorables à un traité limité à la gestion des déchets et au recyclage. Il s’oppose à la coalition de 67 membres, dont l’Union européenne (UE), plaidant pour un texte ambitieux, assorti d’un objectif de réduction de la production et de l’usage du plastique.
Controverse sur le taux de recyclage
Dire que rien n’est fait en Corée du Sud face à l’omniprésence du plastique serait inexact, même si les mesures prises présentent parfois des incohérences. En 2022, une loi a ainsi restreint l’utilisation des plastiques à usage unique, y compris les pailles et les sacs. Mais le texte a été assoupli en 2023 par le ministère de l’environnement.
La Corée du Sud affirme recycler 73 % des plastiques. Or, explique Seo Hee-won, de l’ONG locale Climate Change Center, « ce chiffre ne tient compte que des déchets plastiques arrivés au centre de tri pour le recyclage. Nous ne savons pas s’ils sont recyclés, incinérés ou mis en décharge par la suite ». Greenpeace estime que la Corée du Sud ne recycle en réalité que 27 % de ses déchets plastiques. Le ministère de l’environnement conteste ces affirmations en invoquant des méthodes de recyclage et des calculs statistiques variables d’un pays à l’autre.
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