On ne sortira pas facilement d’un système du tout-voiture autour duquel l’organisation de la société a été pensée. La toute-puissance de l’automobile est telle, son inertie si grande, que même la certitude de la catastrophe climatique ne change rien ou pas grand-chose à nos usages. Les déplacements sont le seul domaine où les émissions de gaz à effet de serre ne reculent pas. Et les voitures en sont responsables pour plus de la moitié.
Sans même parler de climat, que certains ont encore la naïveté de penser comme un problème lointain, la liste des méfaits du tout-automobile est déjà très longue. La pollution aux particules fines ou aux oxydes d’azote tue. La mortalité routière, même si elle a baissé dans des proportions incroyables, demeure à un niveau intolérable sans susciter l’émotion que devrait provoquer la perte de plus de 3 000 de nos concitoyens chaque année. La sédentarité induite par la voiture est un problème de santé public majeur, tout comme les nuisances sonores ; son omniprésence a confisqué l’espace public. A cela s’ajoutent tout un ensemble de dépendances économiques qu’elle entretient. Le statu quo n’est ni tenable ni enviable.
Si l’on admet qu’un changement de paradigme est indispensable, nous devons être prêts à des renoncements. Mais le sommes-nous ? « Circuler librement » est un droit consacré par la Déclaration universelle des droits de l’homme. Mais il n’est nulle part écrit que celui-ci doit s’exercer grâce à un véhicule à moteur à quatre roues, que possèdent certains foyers en un ou deux exemplaires, et qui assure plus de 80 % des kilomètres parcourus en France.
Dans ce contexte, toutes les initiatives pour réduire notre dépendance devraient être saluées. Non parce qu’elles sont parfaites – aucune ne l’est –, mais parce que, si elles fonctionnent, elles pourraient faire tache d’huile, si l’on ose dire. A Paris, la politique de la Mairie a été accusée de tous les maux, jusqu’à l’absurde. Pourtant, les résultats sont là : la circulation automobile y a baissé de moitié depuis le début du siècle et, entre 2012 et 2022, selon Airparif, les émissions de gaz à effet de serre ont baissé de 35 %.
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