vendredi, mai 3
Le ministre des transports, Patrice Vergriete, à Paris, le 21 février 2024.

Quelques heures après avoir affirmé que la mise en place d’un passe rail estival n’aurait pas lieu cette année faute d’accord de trois régions, le ministre délégué aux transports, Patrice Vergriete, a affirmé mercredi 3 avril, au soir, que « toutes les régions » l’avaient finalement donné. « La situation vient de se décanter à l’instant », a déclaré le ministre à l’Agence France-Presse.

« A moins d’un changement de pied des présidents de région, aujourd’hui même, nous ne pouvons pas être opérationnels en 2024 (…). Il n’y aura pas de passe rail cet été », avait affirmé le ministre plus tôt dans la journée sur Franceinfo. Selon lui, trois présidents de région n’avaient pas donné leur accord, citant « Hervé Morin [Normandie], Xavier Bertrand [Hauts-de-France] et Laurent Wauquiez [Auvergne-Rhône-Alpes] » et disant regretter une « attitude sans explication ». Les régions financent les trains régionaux et décident des tarifs.

Selon M. Vergriete, le gouvernement a accepté, à la demande des régions, que l’Etat finance à 80 % le dispositif, estimé à 15 millions d’euros. Les régions avaient déjà obtenu de réserver le passe rail aux moins de 27 ans pendant la saison estivale.

Avant le revirement de situation, les régions citées n’avaient pas tardé à réagir. Dans un communiqué, la région Hauts-de-France s’est dite « favorable » à la mise en place d’un passe rail, mais a regretté qu’il ait été « transformé » par le ministre « en un passe au rabais uniquement pour les jeunes ». Le Normand Hervé Morin a lui dénoncé « une annonce (…) sans concertation préalable avec les régions qui sont pourtant organisatrices des transports ferroviaires ».

Lire la tribune | Article réservé à nos abonnés « Comme on pouvait s’y attendre, le “passe rail” a trépassé »

« Le gouvernement reste ouvert »

Le président de la région Normandie déplorait notamment que les chiffrages des pertes de recettes pour la région soient « totalement improvisés et dans tous les cas ne correspondent pas aux chiffres annoncés par le ministre [mercredi] matin », ainsi que l’exclusion de la région Ile-de-France du dispositif. « S’il doit y avoir un passe rail il doit être national et s’appliquer sur l’ensemble du réseau français et ne doit pas exclure le réseau francilien par lequel passent inexorablement la plupart des jeunes se rendant dans une autre région par le train », plaidait-il dans un communiqué.

Mêmes critiques de la région Hauts-de-France qui se disait prête à signer si « deux points d’alerte sont pris en compte » : la question de l’absence de l’Ile-de-France du dispositif et « la répartition du coût » entre Etat et régions. Selon l’exécutif régional présidé par Xavier Bertrand, la « prise en charge de la perte de recettes aurait dû être assumée totalement par l’Etat ». Pour Patrice Vergriete, « 80 % pris en charge par l’Etat, c’était exactement ce que demandaient les régions ».

La présidente de la région des Pays de la Loire, Christelle Morançais, s’est dite « favorable à la proposition du gouvernement », mais mettait en cause « la précipitation et l’impréparation » des annonces. « En six mois, les régions n’ont obtenu ni le détail des estimations de coût, ni les garanties de compatibilité des systèmes de distribution de la billettique », a abondé l’association Régions de France, qui demandait dans un communiqué « du travail sérieux » et « qu’une garantie soit donnée d’une couverture nationale de cette offre en 2025 ».

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L’instauration de ce forfait mensuel permettant de voyager de manière illimitée sur le territoire en trains Intercités et TER, inspiré de l’exemple allemand, avait été promise par le président de la République, Emmanuel Macron, en septembre. « Bien entendu, le gouvernement reste ouvert et nous continuerons à faire ces propositions pour 2025 », a affirmé M. Vergriete, qui « n’a pas envie de lâcher le morceau ».

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Un passe rail estival uniquement réservé aux jeunes a déjà existé en France en 2020 et 2021. Il concernait les moins de 27 ans, qui, pour 29 euros par mois, pouvaient emprunter n’importe quel TER partout en France – sauf en Ile-de-France –, mais pas les Intercités.

Le Monde avec AFP

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