Le Sénat, dominé par une alliance entre parlementaires LR et centristes, dénonce un « renoncement » concernant la réforme des retraites
Dans le cadre d’un Sénat dominé par une alliance entre Les Républicains et les centristes, où les macronistes sont très peu, Sébastien Lecornu a été peu soutenu mercredi lors de sa déclaration de politique générale, applaudi seulement par une vingtaine de parlementaires.
L’annonce de la suspension de la réforme des retraites jusqu’à l’élection présidentielle a notamment agacé les sénateurs LR, qui sont opposés à tout retour en arrière à ce sujet, partageant la ligne du président de leur parti, Bruno Retailleau.
« Nous n’accepterons pas les renoncements », a lancé le chef des sénateurs LR, Mathieu Darnaud, à l’attention du premier ministre. « Si vous cultivez le flou (…) et n’avez d’autre objectif que de gagner du temps, alors ce sera sans nous, a-t-il averti. Il va falloir nous en dire plus pour nous convaincre. »
Remonté, le chef des sénateurs centristes, Hervé Marseille, par ailleurs président de l’Union des démocrates et indépendants (UDI), a, lui, souligné un « problème de méthode et de confiance ». « Vous vous êtes exclusivement enfermé dans le dialogue avec les socialistes en oubliant qu’il y avait des forces politiques qui vous soutenaient », a-t-il dit au premier ministre. « Nous sommes disposés à [vous] soutenir, mais on ne peut pas soutenir à n’importe quelles conditions », a-t-il encore mis en garde.
Mêmes regrets du côté du parti Horizons d’Edouard Philippe, dont le chef de file au Sénat, Claude Malhuret, a reproché à Sébastien Lecornu d’avoir « payé très cher » les socialistes en échange de leur mansuétude. « Le Sénat va vous aider, pas à faire plaisir aux socialistes, mais à leur résister », a-t-il martelé, promettant de « purger » le budget de « tout ce qui va dans le mauvais sens » durant les débats parlementaires.
Le gouvernement ayant renoncé à l’utilisation du 49.3 pour faire passer les textes de loi, et donc le budget, l’hostilité du Sénat envers la suspension de la réforme des retraites, que le gouvernement compte ajouter au PLFSS sous forme d’amendement, pourrait compromettre son intégration. En effet, si l’Assemblée nationale et le Sénat ne parviennent pas à se mettre d’accord sur un texte au gré de la navette parlementaire, le gouvernement convoquera une commission mixte paritaire (CMP) où les sénateurs auront leur mot à dire.
Celle-ci serait en effet composée de quatorze parlementaires – sept députés et sept sénateurs. Or, sur les sept sénateurs, on en compte cinq réfractaires à la suspension de la réforme des retraites : trois LR, un autre du groupe Union centriste (UDI) et un dernier du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants (composé d’élus de Renaissance), face à deux socialistes.
















