- La France tape au porte-monnaie sur les prix des cigarettes pour inciter les fumeurs à décrocher, mais beaucoup se sont tournés vers le marché noir.
- Pour le contrer, les douanes réalisent des contrôles à grande échelle plusieurs fois par an. Exemple au Luxembourg où plus de 80 % du tabac vendu au Luxembourg part à l’étranger.
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Le 20H
« On va regarder dans votre coffre. »
Cette petite phrase, les douaniers de Thionville (Moselle) la prononcent quotidiennement. Dans une voiture qu’ils viennent d’intercepter, filmée dans le sujet de TF1 ci-dessus, des dizaines de pots et cartouches de tabac luxembourgeois, cachés sous une simple couverture. Le propriétaire de ce monospace, déjà connu des services, a parcouru 150 kilomètres avec 6.000 euros pour réaliser cet achat très avantageux.
Selon Florence Dap, cheffe de service de la brigade des douanes de Thionville, « on peut aller sur une moyenne de quatre fois plus chère en France par rapport au prix que la personne aurait payé au Luxembourg. Donc c’est rentable. »
Un pot de ce tabac coûte moins de 20 euros au Luxembourg, contre plus de 70 euros en France. Si ce contrevenant avait acheté sa marchandise dans l’Hexagone, il en aurait donc eu pour plus de 30.000 euros.
Pour les douanes, ces cigarettes sont destinées à alimenter un marché parallèle, selon la cheffe de service sollicitée par TF1 : « Le fait qu’il y ait déjà différents types de marques, quand vous fumez, généralement vous fumez une marque, voire deux, mais là, vous avez quatre, cinq marques différentes. Puis, vu la quantité, on voit très bien que ce n’est pas du tout pour une consommation personnelle. On voit qu’il y a de la revente derrière. »
Des contrôles à grande échelle, plusieurs fois par an
En 2025, les agents lorrains ont déjà saisi plus de 25 tonnes de tabac, en hausse de 8 % par rapport à 2024. Une marchandise régulièrement transportée par des particuliers qui cherchent à arrondir leurs fins de mois, et qui sont parfois payés pour faire la route. Soit, selon Emilien Ochodnicky, chef de service de la brigade des douanes à Metz, « le monsieur lambda, qui reçoit 500 voire 1 000 euros pour effectuer un trajet, ramener du tabac luxembourgeois »
: « On lui prête même un moyen de transport, une camionnette généralement »,
dit-il. Pour contrer ce trafic, les douanes réalisent des contrôles à grande échelle, plusieurs fois par an.
L’équipe de TF1 a assisté à l’un d’entre eux, il y a quelques semaines, avec quarante agents mobilisés, appuyés par un hélicoptère spécialement affrété de Paris. « On les suit discrètement, les véhicules ne s’en rendent pas compte, et on peut procéder à une arrestation bien plus tard. »
Petite berline, camionnette de déménagement, et même camion : sur cet axe routier, tous les automobilistes sont de potentiels suspects : « Sur l’autoroute, ils se disent : ‘il y a du monde, il faut déjà nous trouver’. Et dans le flux, c’est délicat pour nous aussi de suivre. Mais pour l’instant, ça marche assez bien, et puis avec l’expérience, on a des affaires assez intéressantes. »
Entre la France et le Luxembourg, il existe une vingtaine de points de passage non gardés, ce qui facilite le transport du tabac. Pour comprendre à quel point se procurer de grandes quantités est aussi très accessible, l’équipe du 20H de TF1 s’est rendue avec une caméra discrète dans plusieurs tabacs de l’autre côté de la frontière. Une demande qui ne semble pas réellement étonner ces commerçants, comme on peut le voir dans le sujet en tête de cet article. Chaque année, plus de 95 % du tabac vendu au Luxembourg part à l’étranger, et les taxes de ce commerce légal devraient rapporter 1,6 milliard d’euros au Grand-Duché en 2025.












