Devant la statue de Marianne, place de la République à Paris, se dresse l’énorme ménorah, le chandelier à neuf branches que les juifs doivent allumer pendant la fête de Hanoukka. Campé sur un monte-charge, un jeune homme attend d’être hissé tout en haut de l’installation afin d’allumer deux bougies. Le 15 décembre est le deuxième jour de cette fête des lumières qui doit en durer huit. La veille, à Sydney en Australie, c’est à l’occasion d’un allumage public similaire, pour le début de ce temps sacré de la tradition juive, que quinze personnes ont été tuées lors d’une attaque terroriste.
Lundi soir 15 décembre, une centaine de personnes se sont déplacées pour assister à l’installation et applaudir l’allumage des bougies. S’il était prévu avant l’attentat de Sydney, l’événement a pris, pour les présents venus honorer la tradition, une symbolique particulière. Ce soir il s’agit aussi pour eux de rendre hommage aux victimes.
Au milieu de la foule, des policiers patrouillent, un peu plus loin sur la place trois cars de CRS stationnent. La soirée est surveillée de près. Bonnet sur la tête, barbe au menton, Eyal, 25 ans, ingénieur, regarde autour de lui : « On sait toujours que quelque chose peut arriver quand il y a un événement de la communauté juive en public, mais je fais confiance à la police… quand elle n’est pas là, j’ai quand même un petit stress », admet le jeune homme qui n’a pas souhaité donner son nom de famille. Lui comme d’autres est venu pour les victimes de Sydney. « Sans cette tragédie, j’aurais allumé les bougies en privé, mais ce soir il fallait venir », dit-il.
Chez lui, comme chez beaucoup de membres de la communauté juive en France, l’émotion est palpable. L’attaque a beau avoir eu lieu à l’autre bout du monde, tous se sentent concernés. Tous se sentent aussi un peu menacés.
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