Depuis le 1er janvier 2025, il n’est plus possible d’acheter avec des tickets restaurant des produits nécessitant d’être cuisinés.
Pourtant, dans certains supermarchés, TF1 a pu constater que la nouvelle règlementation n’était pas appliquée.
Un répit qui fait la joie des clients, mais agace les restaurateurs.
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LE WE 20H
« Ma carte-restaurant marche encore, pour tout, tout aliment ! », se réjouit une cliente en sortant d’un supermarché de Caen (Calvados). Comme elle, plusieurs habitués sont agréablement surpris de constater qu’ils ont encore pu utiliser leurs tickets repas pour acheter des pâtes, du beurre ou encore de la farine. Pourtant, depuis le 1ᵉʳ janvier, la loi restreint à nouveau leur utilisation aux plats préparés.
En 2024, près de 600 millions d’euros ont été dépensés dans les supermarchés en titres restaurant. Ce dispositif de paiement, en partie financé par l’employeur, avait temporairement été élargi à l’ensemble des denrées alimentaires en 2022, en pleine crise inflationniste. Un coup de pouce qui n’a pas pu être prolongé pour 2025, faute de budget voté au Parlement. Mais à Caen, la majorité des grandes surfaces visitées par l’équipe de TF1, dans le reportage ci-dessus, ne respectent pas encore la nouvelle réglementation. « Qu’ils continuent pour le moment, je trouve ça très bien », salue un client, qui présume toutefois que ce répit sera « de courte durée ».
« Ça prend du temps, tout simplement, de faire redescendre les consignes »
Pourquoi certains supermarchés continuent-ils d’accepter les tickets ? « Ça prend du temps, tout simplement, de faire redescendre les consignes depuis les états-majors jusqu’aux magasins », explique Gaëlle Le Floch, experte de la consommation chez Kantar. Par ailleurs, les commerçants « connaissent extrêmement bien leur clientèle, donc on peut éventuellement penser que la deuxième raison, c’est qu’on joue un peu la montre, dans ce contexte où le pouvoir d’achat est quand même la préoccupation majeure des Français. » Contactées, les grandes surfaces concernées ont refusé de répondre aux questions de TF1.
Du côté des restaurateurs, en revanche, le non-respect de la nouvelle règlementation fait grincer des dents : comme le rappelle le gérant d’un établissement à Honfleur (Calvados), le dispositif des tickets restaurant avait été « mis en place pour [soutenir] la profession il y a des dizaines d’années. » Or, « aujourd’hui, on s’est aperçu qu’il y a 8.000 restaurants qui ont fermé », alors que dans le même temps, la grande distribution « se porte très bien ».
Au Parlement, le renouvellement de l’élargissement du dispositif fait l’objet d’un quasi-consensus : sa non-prolongation n’a été qu’une circonstance de calendrier liée à la chute du gouvernement Barnier le 4 décembre. Selon nos informations, un texte doit être examiné le 15 janvier au Sénat pour de nouveau étendre les titres restaurant à l’ensemble des produits alimentaires.