- Le cours de l’or a battu un nouveau record ce lundi 22 décembre, à l’ouverture des marchés asiatiques.
- À 4.409 dollars l’once, le métal jaune confirme son année hors norme, avec plus de 50 hausses.
- La tendance peut-elle se poursuivre ? Le consultant spécialisé François de Lassus nous livre son analyse.
L’or n’en finit pas de battre des records, en cette année 2025. Cinquante hausses ont été enregistrées en 2025, rappelle le spécialiste François de Lassus, avec un dépassement historique du plafond de 4.000 dollars l’once en octobre, largement confirmé depuis. Ceux qui ont investi il y a dix ans, cinq ans, ou même au début de l’année civile, ont vu leurs avoirs augmenter de façon spectaculaire. Est-il encore intéressant d’acheter de l’or aujourd’hui ? La montée va-t-elle se poursuivre, ou risque-t-on de tout perdre ? Pour répondre à ces questions, il faut comprendre les causes de la hausse.
Une année de tous les records
« Il y a eu plus de 50 hausses du prix de l’or en 2025, on a franchi la barre historique des 4.000 dollars l’once le 8 octobre dernier, et cette nuit, un nouveau record a été établi à 4.409 dollars »
, détaille François de Lassus, consultant pour Or en Cash. Au moment du dépassement des 4.000 dollars de l’once, TF1info s’était amusé à calculer ce qu’aurait gagné un épargnant qui aurait investi 10.000 euros dix ans plus tôt. Le kilo de métal jaune valait 32.683 euros en 2015, contre 110.000 en octobre dernier. Le gain net pour un investissement de 10.000 euros aurait été de 25.500 euros. Sur la même période, il n’aurait gagné que 1.300 euros s’il avait placé son argent sur un Livret A. Le même épargnant, s’il n’a pas engrangé ses bénéfices en vendant son or en octobre, encaisserait donc encore 10% de plus, à peine plus de deux mois plus tard.
Les raisons d’une hausse
Si la hausse est quasi-continue ces dernières années, en grande partie à cause de bouleversements géopolitiques majeurs, comme la guerre en Ukraine, l’accélération observée cette année doit beaucoup à la politique monétaire américaine, explique le spécialiste. La Fed devrait de nouveau abaisser ses taux d’intérêt en 2026, selon les prévisionnistes, sous forte pression du président Donald Trump. Il faut ajouter à cela la persistance d’un dollar faible, précise François de Lassus, « l’or étant coté en dollars, il y a un effet mécanique, quand le dollar baisse, l’or a tendance à monter »
. Il faut également prendre en compte, pour analyser ce record survenu à deux jours de Noël, un « effet-rallye »
, « une montée des prix avant la fin de l’année, qu’on observe aussi pour les actions »
.
« Dédollarisation »
François de Lassus rappelle aussi que la progression de l’or ces dernières années n’est pas seulement le fait des crises géopolitiques majeures qui lui sont contemporaines, qui génèrent de l’inquiétude et font monter la valeur refuge traditionnelle qu’est le métal jaune. L’achat d’or n’est pas uniquement indexé sur le niveau de confiance dans l’avenir des petits épargnants, mais dépend aussi fortement des achats massifs d’or de banques centrales, en partie celles des pays émergents. « Elles augmentent la part de l’or dans leurs réserves stratégiques, par rapport aux bons du Trésor américain »
, explique le spécialiste, « il y a une volonté pour un certain nombre d’entre elles de « dédollariser leurs réserves », pour limiter leur
dépendance à la monnaie américaine. L’or joue ici le rôle d’une devise internationale ni américaine, ni européenne.
Le phénomène va-t-il se poursuivre ?
Si ceux qui possèdent de l’or pourraient engranger de spectaculaires bénéfices s’ils vendaient aujourd’hui, le moment reste-t-il propice pour acheter de l’or pour ceux qui n’en détiennent pas encore ? La tendance à vouloir le faire ne devrait en tout cas pas se démentir, note François de Lassus. Les données macroéconomiques sont les mêmes pour les acteurs institutionnels, et les petits épargnants ont ajouté à leurs inquiétudes face aux crises internationales, celle du risque de défaut des États, dont ils ont de plus en plus conscience. On constate aussi qu’ils ont tendance à acheter de l’or quand justement un record vient d’être annoncé, d’autant plus facilement qu’on peut désormais s’en procurer en très petite quantité. Pour les épargnants de plus grande envergure, l’or est aussi perçu comme le moyen de diversifier et de solidifier son portefeuille.
« Mais on n’est jamais à l’abri d’une volatilité à la baisse importante »
, prévient François de Lassus, en rappelant la forte chute des cours à partir de 2013, qui avait succédé à l’embellie lors de la crise des subprimes. Un mini-krach avait également été enregistré fin octobre, interprété majoritairement comme une correction après la flambée qui l’avait précédé.
L’expert pense toutefois que la politique d’achat d’or des banques centrales, et la succession de crises géopolitiques, devraient maintenir des cours de l’or élevés. Le niveau de ceux-ci demeure un indicateur inversé de la santé des économies, même si les achats des banques centrales tempèrent cet axiome. Si la guerre en Ukraine trouvait enfin une issue, les regards d’une bonne partie de la planète sont désormais tournés vers les tensions entre les États-Unis et le Venezuela, qui pourraient déboucher sur une crise majeure. Les « fondamentaux du cours de l’or sont là »
, et son prix devrait continuer à croître, mais « peut-être pas au même rythme qu’en 2025 »
, estime François de Lassus.









