RFI : Comment avez-vous réagi à l’annonce de cette « proposition » de la part du Kremlin ce jeudi 25 décembre et qu’en savez-vous ?
Brigitte Vinatier : D’abord, vendredi 19 décembre, à une question posée par [un journaliste de la chaîne de télévision française,.-NDLR] TF1, le président russe Vladimir Poutine a répondu qu’il n’avait pas entendu parler de l’affaire de notre fils et qu’il allait se renseigner. Ensuite, nous avons appris que les autorités russes faisaient une proposition aux autorités françaises. Nous avons été surpris, nous pensons que c’est un très bon signe. Nous ne connaissons pas le contenu de cette proposition, je pense que cela reste pour l’instant dans le secret de la diplomatie. Mais c’est quasiment inespéré puisque notre fils a d’abord été condamné à trois ans de colonie pénitentiaire pour ne pas s’être inscrit comme agent de l’étranger (…) Ensuite, il a été incarcéré dans une prison du FSB [les services de renseignement intérieur russes,.-NDLR] à Lefortovo [près de Moscou,.-NDLR].
Lors d’une audience à la fin du mois d’août 2025, nous avons appris qu’il faisait désormais l’objet d’une enquête pour espionnage. Nous étions très inquiets. Maintenant, nous voulons croire que cela va se débloquer, que les autorités françaises et les autorités russes vont entamer un dialogue et qu’il y aura une issue positive pour Laurent.
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Votre avocat, Me Frédéric Belot, dit espérer un « échange de prisonniers » et une libération en cette période de fêtes, d’ici au Noël orthodoxe le 7 janvier. Qu’encourt votre fils, Laurent Vinatier, s’il n’est pas libéré prochainement ?
Notre fils fait l’objet d’une enquête pour espionnage, qui a été prolongée en novembre. En principe, l’enquêteur doit rendre ses conclusions fin janvier. Ensuite, si des charges sont retenues pour espionnage, il est question d’un procès fin février. Notre fils encourt 20 ans de prison. Nous tenons à dire qu’il travaille pour une ONG suisse très connue à Moscou, [le Centre pour le dialogue humanitaire, spécialisée dans la médiation des conflits.-NDLR]. Il était connu à Moscou : il rencontrait des personnes de pouvoir pour faire passer des messages en plus haut lieu. Il travaillait en toute transparence. Je ne peux pas faire d’hypothèses. Nous verrons quel est le contenu de cette proposition. Nous sommes dans l’ignorance totale. Nous osons espérer. Et maintenant, mais nous y sommes habitués, il faut attendre.
Qualifiez-vous votre fils d’otage d’État ?
Je dirais plutôt qu’il est un prisonnier politique. En tout cas, c’est ce qu’il est dans la prison de Lefortovo, la prison du FSB où il est incarcéré actuellement. Des journalistes ont demandé à notre fils, quand il sortait de l’audience au tribunal, s’il se considérait comme otage d’État, il avait répondu « oui ».
L’enjeu en ce moment, ce sont aussi les tensions entre la France et la Russie au sujet du conflit entre la Russie et l’Ukraine. Le président Macron a dit qu’il fallait que le dialogue se renoue avec le président russe sur l’Ukraine. Je pense que l’affaire de notre fils ne sera pas oubliée.
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