Morte le 29 décembre 2024, à Toulon, à l’âge de 78 ans, Marie-Claude Beaud était de la génération des pionniers, ceux qui, bien avant l’avènement du duo Mitterrand-Lang, avaient semé les graines de l’art contemporain dans les régions. Elle fut la première conservatrice à oser le saut dans le privé, en dirigeant la Fondation Cartier à une époque où le monde de l’art jugeait le luxe avec hostilité. « Marie-Claude croyait que l’art était fondamental pour qu’une ville ou une entreprise se pense autrement », résume son vieux complice Jean-Louis Froment, fondateur du CAPC, une halle aux grains transformée en musée d’art contemporain à Bordeaux. « Ce n’était pas une femme d’institution, mais quelqu’un qui modifiait en profondeur les institutions », ajoute-t-il. « C’était un volcan d’idées et de générosité, qui aimait court-circuiter le système, tous les systèmes », renchérit le curateur Cristiano Raimondi, qu’elle avait recruté, en 2009, pour la seconder au Nouveau Musée national de Monaco.
Dans toutes ses fonctions, Marie-Claude Beaud a eu le talent rare de faire éclore de jeunes commissaires d’exposition ou conservateurs, qui lui doivent tant, comme l’ancien patron du Palais de Tokyo Jean de Loisy, ou Constance Rubini, aujourd’hui aux manettes du Musée des arts décoratifs de Bordeaux. Partout, elle a fait valser les catégories trop rigides de l’art, se fichant des chapelles et des dogmes, encore plus du marché, appréciant aussi bien Brice Dellsperger que Lou Reed, Yinka Shonibare que Michel Blazy, sans négliger la bande dessinée, avec laquelle elle a bouclé, en 2021, son long mandat à la tête du Nouveau Musée national de Monaco.
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