Elle était l’une des figures les plus controversées du cinéma français. Brigitte Bardot est morte ce dimanche 28 décembre à l’âge de 91 ans.
L’ancienne actrice laisse derrière elle une filmographie express, développée de la fin des années 1950 au début des années 1970 avant un abandon définitif du 7e art pour se consacrer entièrement à la cause animale. Depuis des dizaines d’années, c’étaient ses accointances avec l’extrême-droite, ses propos nauséabonds sur les musulmans, les Réunionnais ou les homosexuels, ainsi que ses condamnations pour incitation à la haine raciale qui faisaient parler d’elle.
Pourtant, son positionnement réactionnaire affirmé et répété n’a jamais tout à fait effacé sa première aura, celle de la femme libre et émancipée qui a bouleversé la société corsetée des années 1960, et qu’elle a construite au travers de ses rôles. Retour sur certains des films les plus marquants de cette héroïne sixties.
• Et Dieu… créa la femme, de Roger Vadim (1956)
Brigitte Bardot n’a que 22 ans lorsqu’elle signe sa première scène d’anthologie avec ce long-métrage de Roger Vadim, alors son mari. Déjà forte à l’époque d’une dizaine d’apparitions au cinéma, elle y incarne un rôle écrit sur-mesure: celui de Juliette, jeune femme sensuelle, assoiffée de liberté, et convoitée par trois hommes.
Une scène, surtout, marque les spectateurs. Elle danse pied nu, jambe offerte, dans une attitude totalement abandonnée qui bouscule tous les codes de la bienséance de l’époque.
« C’est la sexualité féminine d’un seul coup exposée dans toute sa folie, libérée aux yeux du monde. Une transgression absolument ultime », décryptait ainsi Yves Bigot, auteur de Brigitte Bardot, la femme la plus belle et la plus scandaleuse au monde (éditions Don Quichotte), à BFMTV en décembre dernier.
Comme le rapporte Le Monde, le long-métrage fait un bide en France. Mais il déplace des foules en Europe, ce qui lui offre une nouvelle sortie dans l’Hexagone qui se traduit cette fois par un triomphe. Le film voyage jusqu’aux États-Unis, faisant de Brigitte Bardot un sex-symbol mondial.
• Babette s’en va-t-en guerre, de Christian-Jacque (1959)
Quinze ans à peine après la fin de la Seconde Guerre mondiale, Babette s’en va-t-en guerre fait le pari risqué de parler de l’Occupation dans un registre comique. Brigitte Bardot y incarne Babette, une jeune femme qui rejoint la France libre en tant que femme de ménage. Lorsqu’un major se rend compte de sa ressemblance avec l’ancienne maîtresse d’un général nazi, il décide de l’utiliser comme appât pour le séduire et le capturer.
Brigitte Bardot y donne la réplique à Jacques Charrier, qui deviendra son mari à la fin du tournage. Ils auront ensemble un fils, Nicolas Charrier, l’unique enfant de Brigitte Bardot, et divorceront en 1963.
• La Vérité, de Henri-Georges Clouzot (1960)
Brigitte Bardot donne la réplique à Sami Frey dans ce film-procès réalisé par Henri-Georges Clouzot, nommé pour l’Oscar du meilleur film étranger. L’actrice y incarne Dominique Marceau, une jeune femme qui doit répondre devant la justice du meurtre de son amant, Gilbert.
Au fil de ses témoignages au tribunal, l’histoire du couple se dévoile. Gilbert était le fiancé d’Annie lorsqu’il est tombé amoureux de Dominique, la sœur de la future mariée. S’est alors installée une liaison qui l’a mené à la mort. Ce rôle de jeune femme séductrice et instable parachève l’image de beauté vénéneuse de Brigitte Bardot.
• Le Mépris, de Jean-Luc Godard (1963)
La relation de Brigitte Bardot et de Jean-Luc Godard commence sous les meilleurs auspices. En 1962, Sami Frey – compagnon de l’actrice – répète la pièce Pour Lucrèce avec Anna Karina, l’épouse du réalisateur. Un lien d’amitié se noue entre les deux couples, comme le rapporte Le Monde.
Justement, Jean-Luc Godard rêve de diriger Brigitte Bardot depuis Et Dieu… créa la femme. De son côté, l’actrice se montre très claire sur son désir d’incarner le personnage principal du Mépris, adaptation du roman éponyme d’Alberto Moravia sur un couple qui se désagrège, sur laquelle Godard planche alors.
Mais les récents choix cinématographiques de l’actrice déplaisent au réalisateur, si bien que le rôle manque de lui passer sous le nez. C’est Joseph E. Levine, producteur du film, qui l’impose, et lui offre le cachet – mirobolant pour l’époque – d’un million de dollars. Le long-métrage deviendra l’un des films les plus emblématiques de la carrière de Jean-Luc Godard, de celle de Brigitte Bardot et du compositeur Georges Delerue, qui signe une bande-son devenue culte.
• Viva Maria!, de Louis Malle (1965)
Ce n’est peut-être pas tant pour sa prestation que pour le duo de charme qu’elle y a incarné avec Jeanne Moreau que Viva Maria! compte parmi les films les plus emblématiques de Brigitte Bardot. Tourné au Mexique, il met en scène les deux actrices dans la peau de deux chanteuses d’une troupe itinérante en Amérique centrale au début du XXe siècle. Par amour pour le même homme, elles se retrouvent mêlées à la révolution.
À la mort de Jeanne Moreau en 2017, Brigitte Bardot a rendu hommage à son ancienne consoeur en évoquant ce film: “Notre collaboration dans ‘Viva Maria!’, de Louis Malle, nous a mises en compétition mais aussi en complémentarité. C’est un beau souvenir que je garde d’elle à jamais”, avait-elle écrit
Article original publié sur BFMTV.com










