Maurice, pays de l’océan Indien en proie à un scandale d’écoutes téléphoniques à grande échelle, a bloqué vendredi 1er novembre l’accès aux réseaux sociaux, à quelques jours des élections législatives, prévues le 10 novembre. La mesure a été annoncée par l’opérateur de télécommunications Emtel, qui a dit avoir reçu jeudi en fin de journée de l’Autorité des technologies de l’information et de la communication l’ordre de bloquer l’accès à toutes les plateformes de réseaux sociaux. Le blocage devrait durer jusqu’au 11 novembre, le lendemain du scrutin.
Selon Emtel, l’ordre fait référence à des « publications illégales qui peuvent avoir un impact sur la sécurité nationale et la sécurité publique ». Cette décision fait suite au scandale qui a éclaté récemment, lorsque des extraits de conversations téléphoniques de politiques, de membres de la société civile, de diplomates et de journalistes ont été enregistrés et ont fuité sur les réseaux sociaux. Le gouvernement n’a pas commenté dans l’immédiat la mesure d’interdiction.
« C’est choquant, révoltant et inacceptable. C’est un signe de panique », a déclaré Paul Berenger, l’un des dirigeants de la coalition d’opposition Alliance du changement. « Nous avons affaire à des personnes dangereuses pour le pays. Les avocats travaillent sur ce qui peut être fait légalement. Nous allons agir très rapidement sur le plan juridique et politique », a-t-il ajouté.
« Régime en déroute »
« C’est le dernier acte désespéré d’un régime en déroute », a déclaré Nando Bodha, chef du groupe d’opposition Linion Reform. « Il attaque de front les droits fondamentaux des citoyens garantis par la Constitution, y compris la liberté d’expression », a-t-il ajouté, appelant à une intervention de la Commission électorale pour garantir que les scrutins soient « libres et équitables ».
Maurice, l’une des démocraties les plus stables d’Afrique, tiendra des élections législatives le 10 novembre. Lors de ce scrutin, le Mouvement socialiste militant du premier ministre Pravind Kumar Jugnauth cherchera à conserver sa majorité à l’Assemblée nationale et à accorder à M. Jugnauth un nouveau mandat de cinq ans. Ce dernier a accédé au poste de premier ministre à la suite de la démission de son père en 2017, avant d’assurer la victoire de sa coalition lors des législatives de 2019.