Elles sont entrées à Mopti entre 19h et 20h, sous escorte militaire, comme c’est devenu la norme : une cinquantaine de citernes importées de Côte d’Ivoire, en passant par la capitale Bamako. La liaison directe, sans traverser la capitale, est habituellement possible, mais elle impliquerait d’emprunter des axes jugés « trop risqués » actuellement.
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L’arrivée de cet important convoi constitue un succès pour l’armée malienne. Le matin même, les jihadistes du Jnim proféraient de nouvelles menaces à l’encontre des entreprises pétrolières bénéficiant des escortes militaires. La semaine passée – mercredi 3 et samedi 6 décembre –, deux convois ont subi des attaques près de Bougouni et de Ouéléssébougou.
« Petit soulagement »
Il y a une semaine – le mercredi 3 décembre –, un premier convoi d’une quarantaine de citernes était déjà arrivé à Mopti, privée de carburant et d’électricité depuis deux mois.
Quatre-vingt-dix citernes en huit jours, la performance est notable, mais il faut préciser que toutes ne sont pas destinées à la consommation de Mopti : selon les sources administratives, douanières et les notabilités locales jointes par RFI, ces citernes doivent être partagées avec Bandiagara, Koro, Djenné, Bankass, Tenenkou et Youwarou.
« C’est un petit soulagement », commente un notable de la ville, heureux de voir les souffrances des deux derniers mois allégées, mais qui estime aussitôt que « ce n’est qu’une goutte d’eau, la quantité est encore insuffisante pour qu’il y ait un vrai impact économique »
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Marché noir
Malgré une première arrivée de citernes il y a huit jours, les besoins sont loin d’être comblés et le marché noir continue de prospérer, avec un litre d’essence vendu à plus de 2 000 FCFA [à peu près trois euros, NDLR], contre un prix réglementé en station de 775F [aux alentours d’un euro, NDLR]. Le marché noir est alimenté par des détournements mais également par du carburant acheminé des régions du Nord par le fleuve, dans des barriques transportées par pinasse, résultat du renforcement des contrôles.
« La fourniture d’eau dépend de l’électricité, et l’électricité du carburant, explique un habitant, donc ces citernes vont pallier beaucoup de problèmes ! » Après deux mois pendant lesquels seuls les panneaux solaires permettaient de fournir un minimum d’électricité, alors que même l’accès à l’eau était devenu une difficulté, le quotidien a peu à peu repris ses droits.
Neuf heures de courant par jour
Les habitants de Mopti bénéficient depuis le 4 décembre d’environ neuf heures de courant par jour (en moyenne, selon les sources et les quartiers), les petits artisans, soudeurs ou couturiers, ont pu reprendre leurs activités. « Ça s’est surtout amélioré dans les services publics », décrit un autre habitant, qui explique que pendant deux mois, « beaucoup ne travaillaient presque pas ou terminaient leur journée à midi ». Les tarifs de certains produits et services ont également augmenté, à commencer par ceux des transports collectifs.
Les sources interrogées espèrent que le rythme de l’approvisionnement pourra être maintenu voire accéléré. « Ça ne devrait pas être considéré comme un exploit », estime un notable de la ville, « c’est un droit. Il faut que cela soit permanent ».
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