L’Union Bordeaux-Bègles s’incline après un match fou, les Harlequins qualifiés pour les demi-finales de la Champions Cup

Ces personnages-là n’étaient pas venus à Bordeaux pour amuser la galerie. Pour la première fois de leur histoire, les Harlequins se sont qualifiés pour le dernier carré de la Champions Cup, la grande Coupe d’Europe de rugby. Ils sont sortis vainqueurs d’un match gargantuesque en essais – six de chaque côté –, sur la pelouse de l’Union Bordeaux-Bègles (UBB), samedi 13 avril. Score final : 41-42 ! Mieux valait ne pas avoir de fragilité cardiaque au stade Chabans-Delmas, tant les spectateurs ont vécu des ascenseurs émotionnels.

« Si on est l’équipe de Bordeaux-Bègles que je connais depuis le début de l’année, on devrait faire un match de merde », pestait l’entraîneur de l’UBB Yannick Bru avant ce quart de finale, en référence aux prestations inconstantes de son équipe, actuellement sixième du Top 14. Privée de deux de ses meilleurs joueurs, les internationaux français Matthieu Jalibert et Damian Penaud, l’UBB a commis trop d’erreurs dans ses lancements de jeu en première période pour pouvoir rivaliser avec une formation londonienne audacieuse. Elle a renversé la vapeur en seconde période, mais échouera finalement à un petit point.

Malgré plus de 30 °C au soleil, les Harlequins étaient décidés à imposer leur rythme aux locaux, en multipliant les relances à la main depuis leur camp. D’entrée, Will Porter conclut une percée d’André Esterhuizen, puis l’ouvreur Marcus Smith provoque un essai de pénalité et un carton jaune à l’encontre de son vis-à-vis Mateo Garcia pour un en-avant volontaire. Après moins de 10 minutes de jeu, il y a déjà 14-0 pour les visiteurs.

En infériorité numérique, les Girondins réduisent l’écart, Maxime Lucu aplatit derrière la ligne à la suite d’un ballon porté – se rattrapant de son plaquage raté sur le premier essai adverse –, imité ensuite par Romain Buros, après un enchaînement collectif (12-14, 26^e).

Mais les Harlequins assomment l’UBB, en frappant deux fois, coup sur coup, avant la pause : Will Porter s’offre un doublé en tapant un coup de pied à suivre pour lui-même, puis Will Evans concrétise la domination du pack anglais (12-28, à la mi-temps).

Suspense jusqu’au bout

Le centre néointernational français Nicolas Depoortère a bien relancé le suspense en réussissant une percée dans la défense (19-28, 45^e), entraînant dans son sillage un temps fort de son équipe, mais les avants londoniens ont encore creusé l’écart en envoyant un ballon porté en Terre promise (22-35, 59^e) juste avant la pause fraîcheur. Le meilleur du spectacle restait à venir dans les vingt dernières minutes.

L’arrière Romain Buros prend l’initiative de jouer rapidement une touche dans son camp, il retrouve le ballon, échappe à un plaquage et sert sur un plateau son ailier Louis Bielle-Biarrey qui s’en va marquer en coin. Voilà l’UBB qui revient à six points après la transformation en coin de Maxime Lucu (29-35, 60^e).

Cinq minutes plus tard, après une passe « dans les chaussettes », les Girondins sont sous pression… Et puis, tout bascule avec un coup de pied de Louis Bielle-Biarrey mal réceptionné par un joueur londonien. Romain Buros, dans tous les bons coups, récupère et délivre le cuir à Madosh Tambwe qui marque.

Pour la première fois, l’UBB passe devant et le public est debout (36-35, 65^e). Vite refroidi par un nouvel essai en force du pack adverse. Marcus Smith prend son élan pour taper la transformation… « time off ! » annonce l’arbitre. Après visionnage des ralentis, l’essai est finalement refusé pour un en-avant.

Pas découragés, les Harlequins repartent à l’attaque. Et, au bout d’une relance de 80 mètres, après avoir parcouru le terrain en long, en large et en travers, l’arrière Tyrone Green redonne l’avantage à son équipe (36-42, 72^e).

Quand le Bordelais Madosh Tambwe aplatit dans l’en but adverse quatre minutes plus tard, le cœur de Yannick Bru et tous les supporteurs bat la chamade. L’ailier a pris soin de se rapprocher des poteaux pour faciliter la transformation décisive de Maxime Lucu. Le ballon s’élève, caresse le poteau et retombe finalement du mauvais côté pour l’UBB. Cette fois, le score ne bougera plus : 41-42, victoire des Harlequins. Le match, lui, restera pour longtemps dans les mémoires.