Moscou a accusé lundi 29 décembre Kiev d’avoir lancé, dans la nuit, une attaque de drones sur une résidence du président russe, Vladimir Poutine, de la région de Novgorod. La Russie a dans le même temps prévenu que sa position dans les négociations en cours pour mettre fin au conflit en Ukraine serait, de ce fait, « réexaminée ».
Volodymyr Zelensky a aussitôt qualifié cette accusation de « mensonge » destiné à préparer de nouvelles attaques contre Kiev et à « saper » les efforts diplomatiques entre l’Ukraine et les Etats-Unis, au lendemain d’une rencontre en Floride avec Donald Trump.
Ces accusations viennent semer le doute sur la poursuite des intenses tractations diplomatiques en cours depuis novembre pour tenter de mettre fin au conflit le plus meurtrier en Europe depuis la seconde guerre mondiale.
Donald Trump a critiqué lundi depuis la Floride cette supposée attaque ukrainienne contre la résidence d’été du président russe. « Vous savez qui m’en a parlé ? Le président Poutine, tôt ce matin. Il a dit qu’il avait été attaqué. Ce n’est pas bon », a déclaré le président américain aux journalistes au moment de recevoir le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, se disant « très en colère ». « C’est une période délicate. Ce n’est pas le bon moment. C’est une chose d’attaquer parce qu’ils attaquent. C’est autre chose d’attaquer sa maison », a-t-il ajouté.
Pour Kiev, la Russie ne veut pas mettre fin à la guerre
Dans la nuit, « le régime de Kiev a lancé une attaque terroriste utilisant 91 drones contre la résidence d’Etat du président » Vladimir Poutine dans la région de Novgorod, a affirmé sur Telegram le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, précisant que tous les drones avaient été interceptés. Cette attaque, a-t-il poursuivi, « a été menée lors de négociations intensives entre la Russie et les Etats-Unis sur le règlement du conflit ukrainien » et ne « restera pas sans réponse ».
La réaction du président ukrainien a été presque immédiate, lors d’une conférence de presse en ligne : « [la Russie ne veut] pas mettre fin à la guerre. » Parallèlement, les présidents russe et américain se sont entretenus lundi par téléphone pour échanger sur les avancées des pourparlers après la rencontre dimanche de MM. Trump et Zelensky. Un entretien « positif », selon la Maison Blanche.
Selon le conseiller diplomatique du Kremlin Iouri Ouchakov, Vladimir Poutine a cependant déclaré à son homologue américain que la position de la Russie sur « un certain nombre d’accords conclus à l’étape précédente » et sur des solutions évoquées serait « réexaminée » après l’« attaque terroriste » qu’elle attribue à Kiev.
Volodymyr Zelensky et des négociateurs ukrainiens se sont de leur côté entretenus lundi par téléphone avec l’émissaire américain, Steve Witkoff, sur les prochaines étapes des pourparlers. M. Zelensky avait affirmé plus tôt lundi que les Etats-Unis avaient proposé à l’Ukraine des garanties de sécurité « solides » pour une période de quinze ans, prolongeable face à la Russie.
Le chef de l’Etat ukrainien a par ailleurs estimé que la présence de « troupes internationales » en Ukraine – une possibilité que rejette le Kremlin – serait une garantie sécuritaire, nécessaire et « réelle », qui renforcerait la confiance des citoyens et des investisseurs face au risque d’une nouvelle agression russe.
Tout plan de paix doit être signé par Kiev, Moscou, Washington et les Européens
La dernière mouture du plan américain, présentée par Washington il y a près d’un mois et considérée par Kiev et ses alliés comme particulièrement favorable à Moscou, propose un gel de la ligne de front actuelle sans offrir de solution immédiate face aux revendications territoriales de la Russie, qui contrôle environ 20 % de l’Ukraine.
Elle satisfait aussi deux exigences-clés du Kremlin : un retrait des soldats ukrainiens de la région de Donetsk, dans le bassin industriel du Donbass (Est), et un engagement de l’Ukraine juridiquement contraignant de non-adhésion à l’OTAN.
Le président ukrainien a dit lundi que la question territoriale et celle du fonctionnement de la centrale nucléaire de Zaporijia restaient les deux seuls points non résolus. Lundi, le chef de l’Etat ukrainien a souligné que tout plan pour mettre fin à la guerre devrait être signé par Kiev, Moscou, Washington et les Européens. Et il a dit espérer une rencontre « dans les prochains jours », en Ukraine, entre responsables américains et européens.






