Un plan lancé en 2017 prévoit la construction de 15.000 nouvelles places de prison afin de limiter la surpopulation carcérale.
Ce programme connaît toutefois un sérieux retard avec seulement 4500 nouvelles places livrées, selon la chancellerie.
« Il y a des projets qui sont complètement bloqués », a concédé dimanche le ministre de la Justice Didier Migaud.
Le « programme immobilier pénitentiaire le plus ambitieux depuis 30 ans ». C’est ainsi que le ministère de la Justice présente sur son site (nouvelle fenêtre) le plan de création de 15.000 places de prison. Mais ce plan sur dix ans, lancé en 2017 par Emmanuel Macron afin de limiter la surpopulation carcérale , connaît un sérieux retard et l’objectif ne sera pas atteint, a annoncé dimanche 10 novembre le ministre de la Justice Didier Migaud . « Il y a des projets qui sont complètement bloqués », a concédé le garde des Sceaux, invité de France Inter, France Télévision et du Monde.
Seulement 4500 nouvelles places ont été livrées, selon la chancellerie. Ce retard ne serait pas tant dû à un manque de crédits qu’à « des difficultés foncières » et à « des oppositions de la part d’élus » à voir se construire sur leur territoire des centres éducatifs fermés ou des centres de semi-liberté, selon le ministre de la Justice.
« Opération vérité »
« Je ferai des propositions au Premier ministre pour que nous puissions rattraper pour partie ce retard, mais on ne le rattrapera pas d’ici 2027 », a déclaré Didier Migaud, annonçant la mise en place d’une « opération vérité » sur le plan 15.000 places de prison supplémentaires. Le ministre de la Justice a par ailleurs déclaré qu’il ferait des propositions au Parlement pour pouvoir recourir à « des procédures exceptionnelles » afin de passer outre les oppositions locales, « quand il s’agit d’établissements d’intérêt national ».
Au 1ᵉʳ octobre 2024, le nombre de détenus en France a atteint un nouveau record avec 79.631 personnes incarcérées contre 78.969 le mois précédent. La France figure parmi les mauvais élèves en Europe en termes de surpopulation carcérale, en troisième position derrière Chypre et la Roumanie, selon une étude publiée en juin 2024 par le Conseil de l’Europe.
« La surpopulation entraîne une atteinte à la dignité » des détenus, a estimé le 7 novembre la défenseure des droits Claire Hédon dans un communiqué. La densité carcérale, en moyenne de 127,9%, « atteint 200% dans certains établissements ». Des chiffres « extrêmement préoccupants » alors que les installations sont « parfois vétustes et détériorées », avec dans certains cas des « infestations de rongeurs et punaises de lit », a estimé Claire Hédon.