Pendant la campagne électorale, Donald Trump s’est engagé à gracier les personnes impliquées dans l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021.
Depuis son élection il y a une semaine, ses partisans attendent que le nouveau président tienne sa promesse.
Leurs avocats ont déjà déposé des recours, sans succès pour le moment.
Suivez la couverture complète
Élection présidentielle américaine
Ils étaient plus d’un millier, le 6 janvier 2021, à avoir participé à l’assaut du Capitole . Ce jour-là, alors que le Congrès devait entériner la victoire de Joe Biden, des partisans de Donald Trump ont pris d’assaut le bâtiment. Cinq personnes étaient décédées. Si plusieurs centaines d’émeutiers ont depuis été condamnés, la plupart pour des délits mineurs selon les derniers chiffres gouvernementaux (nouvelle fenêtre), ils espèrent être bientôt graciés par le nouveau président.
« Si je me présente et que je gagne, nous traiterons justement ces gens du 6 janvier », avait assuré Donald Trump dès 2022. En mars dernier, sur sa plateforme Truth Social, il en avait même fait une priorité : « Mes premières mesures en tant que prochain président seront de fermer la frontière et de libérer les otages du 6 janvier emprisonnés à tort. »
Des biens des émeutiers restitués
À peine quelques heures après l’annonce de la victoire de Donald Trump la semaine dernière, les avocats de plusieurs accusés ont déposé des recours pour demander le report de leur audience, y compris pour le prononcé de leur peine alors qu’ils ont déjà été reconnus coupables. Aucun n’a encore obtenu gain de cause mais les demandes se multiplient parmi les 315 suspects (nouvelle fenêtre) qui doivent encore être jugés, sur les 1400 inculpés.
Rien n’a été fait de mal le 6 janvier.
Rien n’a été fait de mal le 6 janvier.
Donald Trump
« Comme par magie, depuis trois jours, j’ai reçu des courriers électroniques du ministère de la Justice promettant la restitution de biens que nous réclamons depuis des années », a écrit ce jeudi sur X l’avocat de dizaines d’accusés de l’assaut du Capitole. « Je pense que le flot de biens rendus aux accusés du 6 janvier va se transformer en torrent dans les deux prochaines semaines », ajoute l’avocat, qui a déjà obtenu la restitution de la coiffe en fourrure aux cornes de bison et de la lance arborées par un de ses plus célèbres clients, Jacob Chansley, devenu un symbole de l’assaut du Capitole.
Une autre accusée, Jaimee Avery, a envoyé dans son recours une vidéo du 31 juillet dernier dans laquelle le candidat républicain confirmait son intention de gracier les participants à l’assaut du Capitole « s’ils sont innocents ». « Ils ont été condamnés par un système très dur », expliquait récemment Donald Trump, qualifiant le 6 janvier 2021 de « journée d’amour » et de « débordement d’affection » à son égard. « Rien n’a été fait de mal », a-t-il ajouté dans le magazine Time (nouvelle fenêtre). Mais depuis sa réélection, il n’a pas évoqué ce sujet publiquement.
69% des Américains opposés à une grâce des émeutiers
L’article 2 de la Constitution américaine laisse au président américain une grande marge de manœuvre. Il peut gracier une personne de manière individuelle ou un groupe entier. Donald Trump pourrait donc opter pour une grâce commune à tous les émeutiers ou choisir d’accorder sa clémence seulement à ceux n’ayant pas encore été condamnés. Plusieurs avocats ont déjà dit préparer une requête officielle qu’ils adresseront au Bureau du procureur chargé des grâces, une instance du ministère de la Justice.
Obtenir la grâce présidentielle permettrait aux émeutiers condamnés de ne pas purger leur peine. Ils retrouveraient ainsi leur liberté, pourraient de nouveau occuper un emploi et même des fonctions dans l’armée.
Dans un sondage de CNN (nouvelle fenêtre) réalisé en février dernier, 69% des Américains étaient opposés à ce que Trump accorde une grâce à « la plupart des personnes condamnées pour des crimes » liés au 6 janvier, gardant en tête un certain traumatisme de l’assaut. Des sympathisants trumpistes étaient alors entrés illégalement dans le Capitole, afin de dénoncer la supposée fraude électorale ayant conduit au retour au pouvoir des démocrates.
Donald Trump n’a pas été directement inquiété par la justice pour ces événements, bien qu’une commission d’enquête parlementaire ait recommandé en décembre 2022 des poursuites pénales à son encontre, notamment pour appel à la rébellion et complot contre les institutions américaines. Il a été inculpé en août 2023 par un tribunal fédéral à Washington puis par la justice de l’État de Géorgie pour ses tentatives présumées d’inverser les résultats de l’élection de 2020. Mais en redevenant président, il devrait échapper aux poursuites pénales, au moins jusqu’à la fin de son mandat.