Si les Français ne le votent pas, alors le Mercosur ne doit pas s’appliquer. Telle est l’option mise sur la table ce week-end par plusieurs cadres de La France insoumise. Le mouvement demande, en ce sens, l’organisation d’un débat à l’Assemblée nationale sur ce traité de libre-échange entre la plupart des pays d’Amérique du Sud et l’Union européenne, qui provoque une nouvelle mobilisation des agriculteurs.
« Monsieur Macron, arrêtez votre cirque avec le Mercosur. Nous exigeons que ce traité soit discuté à l’Assemblée nationale et qu’il ne s’applique pas si les Français ne le votent pas », a enjoint le chef de LFI, Jean-Luc Mélenchon ce dimanche 17 novembre sur France 3.
Le groupe des députés insoumis avait prévu l’examen dans sa niche parlementaire du 28 novembre d’une proposition de résolution invitant le gouvernement à refuser ce traité.
« Inacceptable que l’Assemblée nationale ne puisse pas s’exprimer démocratiquement »
Le gouvernement l’a jugée irrecevable le 5 novembre, tout comme avait été jugée irrecevable début octobre une proposition de résolution similaire du groupe RN.
Dans une lettre au Premier ministre Michel Barnier, rendue publique sur X dimanche, la présidente du groupe LFI à l’Assemblée, Mathilde Panot, lui demande de manière « solennelle » l’organisation d’un débat et d’un vote sur le traité, en application de l’article 50-1 de la Constitution.
« Il est inacceptable, Monsieur le premier ministre, que vous censuriez le Parlement au moment où la Commission européenne accélère les négociations pour conclure l’accord au plus vite (…) Inacceptable que l’Assemblée nationale ne puisse pas s’exprimer démocratiquement sur le plus important accord de libre-échange jamais conclu par l’Union européenne », a-t-elle fait valoir.
« Première fois qu’un appel transnational est signé »
Samedi, sur France Info, la présidente de la commission des Affaires économiques, Aurélie Trouvé (LFI) avait vivement critiqué l’attitude du chef de l’État, estimant que la France a tardé à tenter d’organiser la fronde au niveau européen contre ce texte. « Il serait peut-être un peu temps d’organiser effectivement une minorité de blocage », a-t-elle affirmé.
Il est « sans doute tard », mais pas forcément « trop tard », pour bloquer « la partie commerciale » de l’accord, a également estimé sur Radio J le député PS et ancien président de la République François Hollande.
Pour ce faire, au moins quatre États membres de l’UE, représentant au moins 35% de la population de l’UE, doivent s’y opposer, a-t-il rappelé.
De son côté la députée européenne LFI Manon Aubry a adressé à Ursula Von Der Leyen une lettre ouverte signée selon elle par plus de 130 parlementaires de 13 pays, appelant la présidente de la Commission européenne à renoncer à la conclusion du traité.
« C’est la première fois qu’un appel transnational est publié, démontrant que l’enjeu dépasse les simples frontières de l’agriculture française », a-t-elle souligné auprès de l’AFP. La missive, publiée par le journal La Tribune dimanche, dénonce aussi le projet présumé de la Commission de séparer l’accord en deux « pour contourner la ratification des Parlements nationaux ».
Les agriculteurs français prévoient de se mobiliser à partir de ce lundi contre ce traité -négocié depuis des décennies entre l’UE et les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay et Bolivie)- que la Commission européenne, soutenue par plusieurs pays comme l’Allemagne et l’Espagne, espère signer d’ici à la fin de l’année.
Le sujet est également au menu de la tournée en Amérique latine du président Macron, entamée samedi soir, jusqu’à jeudi.
Article original publié sur BFMTV.com