Brandissant des drapeaux chiliens, des milliers de ses soutiens sont descendus dans les rues pour célébrer les résultats. Élu président ce dimanche 14 décembre, José Antonio Kast est le premier dirigeant d’extrême droite à accéder au pouvoir au Chili depuis la fin de la dictature d’Augusto Pinochet en 1990. L’ultraconservateur prendra ses fonctions en mars.
José Antonio Kast recueille environ 58,3 % des suffrages contre 41,7 % pour Jeannette Jara, une communiste modérée représentant une vaste coalition de gauche, selon des résultats officiels portant sur le dépouillement d’environ 76 % des bulletins de vote. Aux États-Unis, où Donald Trump mène une campagne contre « l’immigration illégale », ce résultat est perçu comme une bonne nouvelle et a été salué par le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio.
« La démocratie s’est exprimée haut et fort », a, de son côté, écrit Jeannette Jara, la candidate de la gauche, sur son compte X, disant avoir communiqué « avec le président élu (…) pour lui souhaiter du succès ». L’ex-ministre du Travail du président sortant Gabriel Boric, promettait l’augmentation du salaire minimum et la défense des retraites.
De son côté, José Antonio Kast, catholique pratiquant et père de neuf enfants, a fait campagne sur la lutte contre la criminalité et la promesse d’expulser les près de 340 000 migrants en situation irrégulière, pour la plupart des Vénézuéliens. Il a aussi promis, dans son discours de victoire, de « restaurer le respect de la loi » dans le pays.
Des enquêtes révèlent que son père était membre du parti d’Hitler
Avocat et ex-député de 59 ans, José Antonio Kast est le benjamin d’une fratrie de dix enfants. Son père, né en Allemagne, s’est installé au Chili après la Seconde Guerre mondiale et y a fondé une entreprise de charcuterie prospère.
Des enquêtes menées par des médias en 2021 ont révélé que ce dernier avait été membre du parti d’Adolf Hitler. José Antonio Kast affirme que son père a été enrôlé de force dans l’armée allemande et nie qu’il ait été un partisan du mouvement nazi.
Le nouveau président à l’idéologie radicale est membre du mouvement Schönstatt, un courant catholique conservateur d’origine allemande.
Député pendant 16 ans, José Antonio Kast a démissionné de l’UDI en 2016, estimant que le parti avait abandonné ses principes conservateurs. En 2019, il crée le Parti républicain, formation d’extrême droite qu’il dirige depuis.
Opposé à l’avortement et au mariage homosexuel
S’il a soigneusement évité de répéter ses positions en matière sociétale durant sa campagne, José Antonio Kast s’est dans le passé dit opposé à l’avortement même en cas de viol, à la pilule du lendemain, au divorce et au mariage entre personnes de même sexe.
Son style dénote par rapport à celui d’autres dirigeants passés ou actuels auxquels il est parfois comparé, comme le Brésilien Jair Bolsonaro ou l’Argentin Javier Milei.
Il « n’a pas une personnalité très charismatique », juge Robert Funk, professeur de sciences politiques à l’Université du Chili, mais il est « beaucoup plus conservateur ». Il « est perçu comme très sobre, très pragmatique, posé et calme », déclare à l’AFP Amanda Marton, co-autrice du livre Kast, l’extrême droite à la chilienne.
Par le passé, José Antonio Kast a affirmé que, selon lui, l’ancien dictateur Pinochet (1973-1990), mort en 2006 et qu’il admire ouvertement, aurait voté pour lui s’il était encore en vie.
« Ordre et sécurité »
Pour sa troisième course à la présidence, José Antonio Kast a relégué au second plan un agenda conservateur qui lui avait coûté des voix lors de sa précédente candidature face à Gabriel Boric en 2021.
Sa campagne a surtout reposé sur une promesse centrale : lutter de manière « implacable » contre la criminalité et les étrangers en situation irrégulière. « Si cela ne se fait pas volontairement, nous irons les chercher » pour les expulser, menace-t-il.
Lors de ses meetings, abrité derrière une vitre pare-balles dans l’un des pays pourtant les plus sûrs d’Amérique latine, il présente le Chili comme étant en proie au « chaos » et promet « l’ordre et la sécurité ». Chiffres et experts nuancent fortement ce constat alarmiste. Au Chili, on constate « une augmentation de l’insécurité qui est relative et (…) bien inférieure à celle d’autres pays de la région », souligne Guillaume Long, analyste au Centre d’études économiques et politiques (CEPR).
Si le leader d’extrême droite affirme vouloir diriger un « gouvernement d’urgence » axé sur la sécurité, tout en surveillant la trajectoire de la dette publique, il devra cependant composer avec un Parlement fragmenté et une société profondément polarisée.
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