Un ancien ministre peut-il narguer un internaute sur sa situation professionnelle ? Marc Ferracci n’a pas hésité à se moquer, dans un tweet, d’un jeune homme qui expliquait avoir essuyé « une trentaine de refus pour un job » depuis la fin de son master en histoire médiévale il y a « presque six mois ». « Je déteste le capitalisme », ajoute l’internaute. La goutte de trop pour l’ex-ministre de l’Industrie, témoin de mariage d’Emmanuel Macron ?
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« Le master en question : histoire médiévale. Pendant ce temps, l’industrie compte près de 70 000 postes non pourvus », a tweeté l’actuel député des Français de l’étranger. Des propos étonnants de la part d’un responsable politique de premier plan, qui dresse un parallèle entre deux choses qui n’ont rien à voir. Il a rapidement été accusé par la gauche et par des universitaires « d’afficher » le jeune homme en lui donnant une visibilité qu’il n’a pas cherchée. Et surtout de réactiver le discours macroniste sur le travail, où une personne au chômage devrait accepter n’importe quelle offre d’emploi, peu importe ses compétences et ses études.
Le député Génération.s Benjamin Lucas y voit « tout le mépris arrogant et violent du macronisme », n’hésitant pas à renvoyer l’ancien ministre au « trumpisme », fait selon lui « de bêtise et de haine ». « Avec son master d’histoire médiévale, il a peut-être suffisamment de bon sens pour pas laisser saccager l’industrie française comme un branquignol, lui ! », cingle de son côté le député de La France insoumise Aurélien Saintoul.
« Pour t’avoir un peu fréquenté, l’histoire médiévale ne t’aurait pas fait de mal. Tu y vas quand toi dans l’industrie, “l’économiste” ? », tance l’insoumis Aurélien Taché, qui connaît bien Marc Ferracci pour avoir appartenu au même parti politique, à savoir La République en marche (LREM), jusqu’en 2020.
« Ça va pas d’afficher les gens comme ça ?, s’emporte aussi la députée écologiste Marie Pochon. Vous avez définitivement perdu toute boussole. Je souhaite à ce jeune homme tout le courage qu’il faut pour trouver un emploi, et affronter des gens méprisants comme vous dans la vie ». « C’est sûr que c’est pas votre bilan comme ministre de l’Industrie qui restera dans l’histoire. À part dans celle des plans de licenciements », cogne enfin le député LFI Matthias Tavel.
Des explications mais pas d’excuses
Des universitaires ont aussi fait part de leur colère à la lecture des mots de Marc Ferracci. « Et dire que ce tweet vient d’un représentant de la Nation, dont les études supérieures l’ont conduit à étudier puis travailler dans des universités de sciences humaines et sociales », attaque le maître de conférences en droit public à l’Université Paris Nanterre Thibaud Mulier, accusant l’ex-ministre « d’anti-intellectualisme ». « Vous reprendrez bien une dose de condescendance avec votre anti-intellectualisme grossier ? », s’indigne l’historien Florian Besson, spécialiste lui aussi de la période médiévale et auteur d’un blog sur le sujet.
Beaucoup rappellent en outre que Marc Ferracci a été étudiant à Sciences Po Paris, a soutenu une thèse à Panthéon-Sorbonne et a reçu l’agrégation de l’enseignement supérieur. Un parcours assez similaire au jeune homme pointé du doigt.
L’ancien ministre de François Bayrou a fini par s’expliquer… sans toutefois présenter d’excuses. « Tous les parcours d’études sont respectables, mais prétendre que tous donnent les mêmes débouchés professionnels, c’est mentir aux étudiants », assure-t-il, convaincu que « l’accès à l’emploi peut prendre du temps ». Ajoutant : « Chacun doit pouvoir choisir sa formation en connaissance de cause, et pour cela accéder à une information fiable sur les taux d’insertion à la sortie ». Le chercheur d’emploi explique simplement qu’il ne « s’attendait pas » à ce que son tweet soit autant commenté. Et notamment, ajoute-t-il, par « autant d’idiots ».
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