La menace de Donald Trump d’infliger aux pays importateurs de gaz ou de pétrole vénézuéliens des droits de douane de 25 % sur toutes leurs marchandises entrant aux Etats-Unis, brandie lundi 24 mars, pourrait avoir des conséquences désastreuses sur l’économie indienne. Troisième consommateur mondial de pétrole brut, l’Inde importe 85 % de ses besoins. Elle achète principalement à la Russie, premier fournisseur depuis le début de la guerre en Ukraine, à l’Irak, deuxième fournisseur, mais aussi au Venezuela.
L’Inde a même été le plus gros acheteur de brut vénézuélien entre décembre 2023 et janvier 2024. Profitant de la levée des sanctions américaines contre le Venezuela, ses importations qui avaient été interrompues en 2020 ont repris de plus belle, passant d’environ 191 600 barils par jour en 2023 à plus de 254 000 barils par jour en 2024, selon les données de Kpler. Les principaux acheteurs sont Reliance Industries Ltd, de Mukesh Ambani, et Nayara Energy.
Mais, depuis, la part du pétrole vénézuélien dans les importations totales de pétrole de l’Inde, qui s’élèvent à plus de 4,5 millions de barils par jour, a baissé. L’Inde a importé environ 65 000 barils par jour de brut vénézuélien en janvier et 93 000 en février.
Menace de réciprocité
La menace de Donald Trump vient compliquer l’équation de New Delhi, car l’Inde avait déjà été bousculée par les sanctions américaines sur le commerce pétrolier russe décidées par Joe Biden avant son départ de la Maison Blanche. En février, les importations de pétrole de l’Inde en provenance de Russie ont diminué de 14,5 % en glissement mensuel pour atteindre 1,43 million de barils par jour, le niveau le plus bas depuis janvier 2023. La part de la Russie dans les importations de pétrole de l’Inde a diminué pour atteindre environ 30 % en février, contre 38 % en moyenne en 2024.
Au-delà de la question du pétrole, Donald Trump, malgré sa bonne entente affichée avec Narendra Modi, veut obliger l’Inde, « roi des droits de douane », selon son expression, à baisser ses tarifs douaniers, et menace New Delhi de réciprocité tarifaire à partir du 2 avril. Une délégation américaine est attendue dans les prochains jours. L’Inde a désormais un pistolet sur la tempe pour sortir du protectionnisme dans lequel le pays s’est enfermé pour protéger son marché intérieur.