POLITIQUE – Comment résumer 2024 ? Une année exceptionnelle, riche en rebondissements, où la France a connu quatre gouvernements différents (du jamais vu depuis 1913 !), une dissolution de l’Assemblée nationale, des élections européennes, l’adoption d’une motion de censure… L’occasion pour de nombreux responsables politiques de tirer leur épingle du jeu ou de simplement poursuivre les efforts entrepris antérieurement.
La secrétaire nationale des Écologistes Marine Tondelier, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, le (très) expérimenté Michel Barnier… Pour des raisons différentes, ces personnalités (et d’autres) ont pris la lumière, souvent parce que leurs paroles ou leurs actions ont eu une incidence notable sur la vie publique, mais aussi, parfois, bien malgré eux.
Voici donc le palmarès 2024 des prix remis chaque année par le service politique.
Le premier prix : Marine Tondelier.
La secrétaire nationale des Écologistes a profondément marqué la séquence estivale et fait souffler un vent de fraîcheur dans le débat politique. Avec sa célèbre veste verte sur le dos, Marine Tondelier s’est imposée comme une figure de proue du Nouveau Front populaire, participant à toutes les négociations et n’hésitant pas à fendre l’armure quand cela est nécessaire. Un matin, elle est arrivée les larmes aux yeux dans le studio de France Inter, agacée par l’attitude de la droite et du centre, qui pour partie refusaient d’appeler à faire barrage au RN.
Jusque-là essentiellement connue dans les cercles militants, l’élue d’opposition à Hénin Beaumont a montré qu’elle avait la trempe d’une grande dirigeante politique. Et prouve à tous les sceptiques qu’il faudra compter avec elle dans les prochaines années. Elle a même été célébrée par le Time Magazine, qui l’a faite apparaître dans le Top 100 des leaders qui influencent le plus la planète. « C’est une surprise qui m’honore », avait réagi la principale intéressée, seule Française primée.
Son credo : ne jamais dire du mal de ses partenaires, construire l’union pas à pas. Une stratégie qui lui a (aussi) permis de faire oublier la campagne calamiteuse des européennes, où la candidate qu’elle soutenait, Marie Toussaint, n’a réuni que 5,5% des voix.
Pour l’Histoire : Michel Barnier.
Trois mois et puis s’en va. Le Premier ministre le plus âgé de la Vème République (il avait 73 ans au moment de sa prise de fonction) est aussi devenu le plus éphémère.
Le 4 décembre, il a été renversé par une motion de censure de l’Assemblée nationale après avoir engagé sa responsabilité et celle de son gouvernement sur la loi de financement de la Sécurité sociale. Jusqu’au bout, il a cru pouvoir renverser la vapeur en cajolant notamment le Rassemblement national. Sans succès. Les troupes de Marine Le Pen ont apporté leurs voix au texte de la gauche, et Michel Barnier s’en est allé.
En trois mois à Matignon, l’ancien négociateur du Brexit n’aura eu le temps de lancer aucun chantier d’ampleur. Sans doute n’est-il pas non plus parvenu à imprimer sa marque et à laisser un souvenir impérissable dans l’esprit des Français. Charge à son successeur, François Bayrou, de tenir plus longtemps dans ce paysage politique miné.
À suivre : Bruno Retailleau
Depuis le mois de septembre et sa nomination à Beauvau, impossible de passer à côté du très bruyant ministre de l’Intérieur.
Peu de Français le connaissaient avant (il a notamment été président de la région des Pays-de-la-Loire puis président du groupe LR au Sénat), mais depuis qu’il a été nommé, cet ancien proche de François Fillon et de Philippe de Villiers multiplie les prises de position très à droite : remise en cause de l’État de droit, opposition farouche à l’immigration irrégulière… Peu de temps après le passage du cyclone qui a ravagé Mayotte à la mi-décembre, Bruno Retailleau avait été l’un des premiers à mettre le sujet de l’immigration clandestine sur la table, suscitant la colère de la gauche.
À 64 ans, ce catholique revendiqué est en bonne place pour devenir l’homme fort de la droite dans les années à venir. Certains lui prêtent même des intentions de se présenter à l’élection présidentielle.
Meilleure entrée en politique : Lucie Castets
En début d’année, son nom ne disait évidemment rien à personne, pas même aux plus férus de politique. Et pour cause : défenseuse de l’accès aux services publics, Lucie Castets a fait irruption sur la scène médiatique au mois de juillet, quand le Nouveau Front populaire cherchait un nom à proposer pour Matignon.
C’est elle qui a fait le lien entre les quatre forces de gauche, et permis de sortir de la guerre des chapelles. Elle a mouillé le maillot, multipliant les déplacements aux quatre coins de la France et se rendant, fin août, aux universités d’été organisées par chaque force du NFP. Finalement Emmanuel Macron ne l’a jamais appelée, la laissant sur le bord du chemin. Mais nul doute que cette haute-fonctionnaire saura rebondir.
What the f*** : Amélie Oudéa-Castéra
Tout le monde a gardé en mémoire la polémique de début d’année sur ses enfants inscrits à l’école privée Stanislas, temple de l’entre-soi, alors qu’elle était ministre de l’Education nationale. Chaque jour ou presque, Amélie Oudéa-Castéra, proche d’Emmanuel Macron, a fait parler d’elle en remettant une pièce dans la machine à buzz.
Impossible d’oublier aussi la scène de sa baignade dans la Seine, en amont des Jeux olympiques. Dans une eau marron, en combinaison de bain, la ministre a réussi… à glisser.
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