LA LISTE DE LA MATINALE
Cette semaine, malédictions tous azimuts. Celle du racisme dans le football ; celle de Peter Lorre, prisonnier de son rôle dans M le Maudit ; celle des sportifs encensés avant-guerre puis déportés à Auschwitz parce que juifs. Et puis une grande fenêtre lumineuse ouverte sur l’avenir : le concours de lecture à voix haute auquel ont participé cette année 120 000 élèves avec talent et passion.
Le destin brisé de sportifs juifs
Sophie Kamoun, Richard Dacoury, Vincent Moscato. Ces trois anciens sportifs de haut niveau sont allés à Auschwitz sur les traces d’Alfred Nakache, Julius Hirsch et Young Perez, trois athlètes déportés pendant la seconde guerre mondiale à cause de leur religion juive. Le fil rouge du documentaire Auschwitz, en mémoire des champions, de Frédéric Roullier, est original, glaçant, intense en émotions. Certaines scènes laissent sans voix. Lorsque Richard Dacoury apprend que le footballeur Julius Hirsch, dès son arrivée, fut « directement envoyé vers les chambres à gaz », l’ancien basketteur ne trouve pas les mots. Un moment de silence envahit l’écran. La star du Limoges CSP dans les années 1990 parviendra quelques secondes plus tard à articuler « c’est terrible ». L’ancienne championne de natation Sophie Kamoun ne peut, elle, retenir ses larmes lorsqu’elle découvre que les SS s’amusaient avec le nageur et joueur de water-polo Alfred Nakache en le faisant plonger dans des eaux glacées en hiver. Survivant, il gagnera après-guerre le surnom de « Nageur d’Auschwitz ». L’ex-international de rugby Vincent Moscato se rend, la gorge serrée, sur le « ring » où Young Perez a dû boxer 140 fois contre des officiers allemands… Lui mourut en 1945, au cours des marches de la mort.
Grâce à une diversité d’images d’archives riches et inédites, agrémentées d’entretiens avec les biographes des déportés, le réalisateur parvient à plonger le spectateur dans l’effroi vécu dans ces camps. L’occasion d’aborder la place qu’y occupait le sport. Une activité « très importante pour les prisonniers » car, même dans les moments les plus difficiles, elle « permettait de maintenir une sorte de vie sociale », explique Renata Koszyk, fondatrice du site Forbidden Music (Zakazana muzyka) d’enregistrements de musique jouée par les prisonniers et commissaire de l’exposition « Le Sport et les Sportifs à Auschwitz ». Elle rappelle tout de même que « cela restait à l’ombre de l’extermination des juifs ». M. M.
Auschwitz : en mémoire des champions, documentaire de Frédéric Roullier (Fr., 2024, 95 min). A la demande sur Rmcbfmplay.com jusqu’au 4 juillet 2024.
Il vous reste 69.73% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.