« Nous ne combattons pas les combustibles fossiles, mais uniquement les émissions [de gaz à effet de serre] qui en sont issues. » L’auteur de cette déclaration aux relents de rhétorique orwellienne n’est pas Chris Wright, l’ancien magnat du gaz de schiste devenu secrétaire à l’énergie des Etats-Unis, ou un quelconque climatosceptique de l’administration Trump : c’est Ursula von der Leyen. La présidente de la Commission européenne s’exprimait ainsi au cours de la conférence de presse clôturant la réunion du G20, le 21 novembre à Johannesburg (Afrique du Sud), à un moment qui ne doit rien au hasard. Le même jour, à Belem (Brésil), les délégations des Etats parties à la Convention des Nations unies sur le climat tentaient de s’accorder sur un texte commun à l’issue de la COP30.
Cette déclaration n’est pas un mot maladroit. Elle est, au contraire, symptomatique du mouvement d’alignement en cours de l’Union européenne (UE) sur l’Amérique de Donald Trump. Cet alignement prend la forme, ces derniers mois, d’une série de reculs réglementaires et de renoncements sur l’environnement, la santé ou encore la responsabilité sociale et environnementale des entreprises. Autant de marqueurs de la singularité du Vieux Continent qui s’effacent ou sont remis en cause à un rythme étourdissant.
Détricotage du volet agricole du pacte vert, report du règlement sur la déforestation importée, révision à la baisse du projet d’interdiction universelle des « polluants éternels », réduction à néant de la directive sur le devoir de vigilance des entreprises, large dérégulation des « nouveaux OGM » sans remise en question de leur brevetabilité, etc., à quoi s’ajoute le feu roulant des paquets législatifs « omnibus » destinés à « simplifier » la réglementation de l’UE sur la chimie, l’environnement, l’automobile, l’alimentation, etc.
Celui sur l’alimentation est parmi les prochains sur la liste. Le commissaire européen à la santé, le Hongrois Oliver Varhelyi, souhaite y inscrire la possibilité d’autoriser les pesticides sans limite de temps, de déroger à l’obligation de tenir compte de la littérature scientifique dans les réévaluations nationales des produits ou d’allonger de trois années supplémentaires les « délais de grâce » dont bénéficient les utilisateurs des substances les plus dangereuses après leur interdiction. Quel que puisse être l’objectif des paquets « omnibus », on voit mal comment avoir la possibilité d’ignorer la science dans les évaluations sanitaires ou environnementales de produits réglementés pourrait bénéficier aux citoyens européens.
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