On associe New York à ses gratte-ciel, à la statue de la Liberté, à Broadway ou à une belle part de pizza pepperoni. Il en existe cependant un autre emblème, moins glamour et presque aussi ancien que la ville elle-même: ses rats. Omniprésents dans le métro, les parcs ou sur les trottoirs, ils sont devenus un symbole officieux de la métropole. Selon les dernières estimations, environ trois millions de rongeurs vivraient à New York, soit un tiers du nombre d’habitants humains, rapporte un article de Popular Mechanics.
Pour tenter de comprendre ces colocataires indésirables, une équipe de chercheurs américains et allemands vient de publier une étude qui scrute, grâce à l’intelligence artificielle et à des caméras thermiques, le comportement des rats new-yorkais. Le but est de comparer les manières de vivre et de communiquer des rongeurs new-yorkais avec celles décrites dans la littérature scientifique plus générale sur le rat brun (notre bon vieux rat d’égout que certains aimeraient rebaptiser «surmulots» afin de redorer un peu son image).
La conclusion est limpide: les rats new-yorkais adaptent leurs vocalisations à leur environnement sonore. En analysant minutieusement trois écosystèmes –les trottoirs, les parcs et le métro– les chercheurs ont observé que les rats de métro «criaient» plus fort. Dans le vacarme permanent des rames et des sirènes, leurs ultrasons percent le brouhaha ambiant.
Des nuisibles qui ont des choses à nous apprendre
Grâce à l’IA, les scientifiques ont pu décrypter ces signaux. Ils se révèlent plus courts, plus intenses et en dehors des gammes de fréquences généralement observées dans d’autres populations de rats. Autrement dit: les rats de New York se sont adaptés et hurlent littéralement pour se faire entendre –au point, selon l’étude, de parvenir à couvrir parfois le son d’une ambulance.
Au passage, les chercheurs ont également relevé certaines différences sociales chez les rats de la Grosse Pomme. Les plus petits (probablement des jeunes encore en apprentissage) se déplacent en groupe, sans doute par instinct de survie. Les plus gros, eux, préfèrent la solitude, rôdant seuls dans les souterrains.
Cette étude illustre à quel point la ville façonne la biologie de ses habitants, humains comme animaux. La plupart des recherches en sciences naturelles s’intéressent aux forêts, aux océans ou aux déserts, mais comprendre comment fonctionnent les écosystèmes urbains est de plus en plus crucial puisqu’en 2050, près de 70% de la population mondiale vivra en ville.
Ces villes ne seront pas seulement remplies d’humains mais seront, comme New York aujourd’hui, habitées par une faune opportuniste, qui apprend à survivre dans un environnement conçu pour d’autres. Étudier les rats du métro, c’est donc comprendre comment la nature s’adapte aux constructions humaines, comment elle s’impose dans les marges, au milieu du béton et du bruit.










