En grandissant, Cyprial rêvait de devenir avocat. Adulte, il passe ses journées sous terre, dans une obscurité totale, à piocher la roche d’une mine de charbon clandestine en Afrique du Sud.
Le grondement des brouettes résonne dans les tunnels étroits où lui et des dizaines d’autres hommes travaillent depuis l’aube. Certains creusent la paroi rocheuse, leurs faibles lampes frontales perçant à peine l’obscurité.
D’autres poussent des charges pesant jusqu’à 100 kilogrammes à pleine vitesse dans les tunnels, puis sur une colline escarpée jusqu’aux camions servant à livrer le charbon à des vendeurs informels dans la ville voisine d’Ermelo, dans la province orientale du Mpumalanga, coeur charbonnier du pays.
Ils pénètrent par un tunnel de fortune dans cette colline éventrée abandonnée par une entreprise minière.
L’Afrique du Sud figure parmi les principaux producteurs mondiaux de charbon, qui alimente environ 80% de l’électricité du pays.
Classé parmi les 12 plus grands émetteurs de gaz à effet de serre au monde, le pays est devenu en 2021 le premier au monde à signer un accord de partenariat pour une transition énergétique juste (JETP) avec des pays occidentaux, pour un total de 8,5 milliards de dollars (7,3 milliards d’euros). Principalement des prêts à conditions préférentielles destinés à financer la production d’énergies moins polluantes.
Si la majeure partie de l’électricité est produite dans le Mpumalanga, les habitants disent avoir peu bénéficié de l’exploitation minière à grande échelle. Ils craignent que la transition énergétique ne les laisse à nouveau de côté.
– « Artisanaux » ou « illégaux » ? –
« Dans le puits, c’est noir comme dans un four. On ne peut même pas voir son doigt, » explique Cyprial, en tirant sur un joint pour l’aider à « faire disparaître toutes (s)es peurs ».
« La moitié des jeunes d’ici à Ermelo font ce travail, » affirme cet homme qui s’exprime sous pseudonyme par peur de représailles des autorités.
Avec un taux de 34%, le Mpumalanga est encore plus touché par le chômage que le reste du pays.
Le charbon d’Ermelo alimente des centrales du pays et de l’étranger mais de nombreux habitants ici vivent dans des cabanes sans accès à l’électricité.
« Ce minerai vient de chez nous, mais il est pris pour être vendu ailleurs… alors que les gens d’ici n’en bénéficient pas, » explique Cyprial à l’AFP.
Le gouvernement qualifie Cyprial et les autres de « mineurs illégaux », mais ils préfèrent le terme « mineurs artisanaux ».






