Cet été, l’isotherme zéro degré a dépassé les 5 000 mètres d’altitude, empêchant le regel nocturne du Mont-Blanc. Les glaciers disparaissent à vue d’œil et la ressource en eau se fragilise. Alors que la montagne subit de plein fouet l’emballement de la crise climatique avec un réchauffement deux fois plus rapide qu’en plaine, la France s’apprête à accueillir les Jeux olympiques et paralympiques (JOP) d’hiver 2030 dans les Alpes. Comment justifier un tel choix ?
Dans ces territoires splendides mais fragilisés, les Jeux d’hiver cherchent à réactiver la magie du siècle dernier : construction de nouveaux équipements (patinoires, villages olympiques) et rénovations coûteuses d’infrastructures dont l’utilité est limitée (piste de bobsleigh, tremplins…), recours massif à l’enneigement artificiel imposé par les fédérations internationales, et ce, malgré des températures en hausse dans tous les massifs… Les JOP 2030 sont en contradiction flagrante avec l’accord de Paris, la loi Climat et son objectif de zéro artificialisation nette, et les limites planétaires, dont sept sur neuf sont déjà dépassées.
Déni démocratique
On nous propose des Jeux en pleine contradiction avec les enjeux d’adaptation et d’atténuation. Les compétitions seront réparties entre quatre pôles éloignés (la Savoie, la Haute-Savoie, le Briançonnais et la Côte d’Azur), synonymes de déplacements logistiques carbonés et de flux touristiques massifs. Ces JOP sont un contresens au moment où la Cour des comptes et l’autorité environnementale appellent à réduire drastiquement l’empreinte des mobilités.
Les Alpes souffrent déjà : manque de neige, modèle économique des stations fragilisé, tourisme de masse qui impacte habitants et milieux, immobilier touristique galopant rendant le logement inaccessible dans les vallées alpines. Plutôt que d’accompagner la transition, ces Jeux figent les territoires de montagne dans un modèle à bout de souffle, hérité de Grenoble 1968 et d’Albertville 1992.
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