LA LISTE DE LA MATINALE
Le calme règne sur les sorties cinéma, les distributeurs s’étant montrés prudents pour cette semaine d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, qui risque d’accaparer toute l’attention. Reste de quoi se donner des frissons avec deux thrillers, le norvégien Mon parfait inconnu, qui vogue entre fantasme et manipulation psychologique, et l’australien Monolith, qui remue des secrets enfouis sur Internet. Les amateurs de répertoire auront également dix délicieux classiques signés Marcel Pagnol en copies restaurées.
A voir
« Mon parfait inconnu » : simulacre et prince charmant
Elle a 18 ans et passe inaperçue. Son visage aux rondeurs enfantines, ses cheveux d’un blond pâle, sa silhouette dissimulée sous d’informes vêtements participent à cet effacement. Les premières images n’aident pas, qui semblent la dissoudre dans le décor. Celui d’une entreprise standard et sans âme où elle fait le ménage. Le reste du temps, à Oslo, elle veille sur la propriété huppée d’un couple parti en vacances. Un beau jour, Ebba vient en aide à un jeune Bulgare séduisant (Radoslav Vladimirov) après l’avoir trouvé sur un parking, une plaie à la tête et amnésique. Une aubaine pour la jeune femme qui, après l’avoir ramené dans sa riche demeure, fait croire à l’inconnu qu’elle est sa petite amie depuis plusieurs mois.
De cette matière qui brasse réalité et mensonges, la réalisatrice finno-suédoise Johanna Pyykkö, 40 ans, formée aux Beaux-Arts, va faire un parfait et troublant usage, édifiant progressivement autour de son héroïne une sorte de théâtre d’ombres et de chimères – reflet d’un miroir aux alouettes où chacun s’interroge et se perd. Ce premier long-métrage, présenté en compétition au festival Premiers Plans d’Angers, en 2023, décline un univers singulièrement psychotique par lequel se révèlent les malaises qui frappent la société norvégienne. V. Cau.
Film norvégien et français de Johanna Pyykkö. Avec Camilla Godo Krohn, Radoslav Vladimirov, Maya Amina Moustache Thuv (1 h 47).
« Monolith » : enquête en ligne
Une journaliste d’investigation en disgrâce anime, depuis chez elle, une vaste maison retirée, située au centre d’une clairière isolée, au cœur d’une peu riante campagne, un podcast consacré aux mystères irrésolus. Elle tombe sur une correspondante qui lui révèle l’apparition, il y a plusieurs années, d’un mystérieux objet (une brique noire) de provenance inconnue. Cet énigmatique artefact aurait bouleversé sa vie. Son enquête, menée depuis chez elle grâce à Internet, aux réseaux sociaux et aux échanges électroniques, l’amène implacablement vers un secret enfoui dans son propre passé.
Il vous reste 64.55% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.