Plus isolés que jamais, les Etats-Unis sont le seul pays majeur à dénoncer la décision de la Cour pénale internationale (CPI), dont les trois juges ont émis, jeudi 21 novembre, les mandats d’arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, à l’encontre du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou et de son ancien ministre de la défense Yoav Gallant, qui était un interlocuteur important des autorités américaines. Selon un porte-parole du Conseil de sécurité nationale, la Maison Blanche « rejette fondamentalement » la double inculpation. « Nous demeurons profondément préoccupés par l’empressement du procureur à obtenir des mandats d’arrêt et par les erreurs troublantes de procédure qui ont conduit à cette décision », a précisé cette source, selon laquelle la CPI n’est pas compétente pour se prononcer dans cette affaire.
Comme Israël, les Etats-Unis ne reconnaissent pas l’autorité de la Cour. L’administration Biden s’obstine à ne pas admettre la réalité des crimes de guerre commis par l’armée israélienne dans la bande de Gaza depuis plus de treize mois, les bombardements indiscriminés, la destruction systématique des infrastructures civiles, le blocage constant de l’acheminement de l’aide humanitaire.
En mai, alors que le procureur de la CPI, Karim Khan, avait demandé l’émission des mandats d’arrêt, Joe Biden qualifiait cette démarche de « scandaleuse » : « Quoi que le procureur puisse suggérer, il n’y a pas d’équivalence – aucune – entre Israël et le Hamas. » La position américaine ne reflète pas seulement une solidarité classique avec Israël et un rejet de la CPI. Elle marque aussi le déni de complicité de la part des Etats-Unis, alors que ce sujet a provoqué des dissensions sans précédent depuis la guerre du Vietnam au sein du département d’Etat.
Exaspération de la base progressiste
Le représentant républicain Mike Waltz (Floride), appelé à devenir le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, a estimé sur X qu’Israël « a défendu légalement son peuple et ses frontières contre des terroristes génocidaires. Vous pouvez vous attendre à une forte réponse au biais antisémite de la CPI et de l’ONU à partir de janvier. » Son collègue Lindsey Graham, sénateur républicain de Caroline du Sud, a qualifié la CPI de « blague dangereuse ». A l’en croire, il serait temps pour le Sénat d’adopter des sanctions contre elle. Un texte en ce sens a été voté en juin à la Chambre des représentants. En mars 2023, ce même sénateur saluait le « pas de géant » accompli par la CPI, qui venait d’émettre un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine. Il formulait l’espoir que « la communauté internationale continuera[it] à soutenir » la Cour dans cet effort afin que le président russe rende des comptes pour les crimes commis en Ukraine.
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