17 crises prioritaires ont été identifiées par Washington. Une liste dont sont exclus l’Afghanistan, le Yémen et Gaza. Le Département d’État américain exige que l’usage de ces fonds réponde aux « intérêts nationaux américains ». Deux milliards d’aide annoncés qui ne vont pas sans contrainte. Les États-Unis ont posé 3 conditions principales. Thomas Byrnes à la tête de MarketImpact, spécialiste du financement humanitaire l’explique à charlotte Cosset.
« La première est une réforme structurelle. Le deuxième élément clé est la centralisation du contrôle. Au lieu de financer directement les agences individuelles, comme le Programme alimentaire mondial (PAM) ou le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), les États-Unis dirigent l’ensemble des fonds vers le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA). Cela donne aux États-Unis un point de pression unique sur l’ensemble du système. Il s’agit là d’une restructuration fondamentale. Le troisième point concerne la stricte redevabilité. Les États-Unis veulent savoir exactement où va chaque dollar ».
Deux milliards de dollars qui ne tiennent que de l’engagement, insiste Thomas Byrnes. « Il s’agit d’une simple promesse, et non d’un transfert réel. Les États-Unis doivent déjà plusieurs milliards de dollars au titre de leur contribution aux opérations de maintien de la paix et à l’ensemble des activités de l’ONU. En fait, les États-Unis n’ont pas versé leur contribution de fin d’année au budget général de l’ONU ».
De nombreuses questions entourent encore la répartition de cette somme jugée insuffisante note Thomas Byrnes. « Ces deux milliards de dollars pourraient aller au Soudan uniquement et ne combleraient probablement pas le déficit de fonds nécessaire à la réponse humanitaire. Alors, comment ces 2 milliards vont-ils être répartis entre ces 17 pays ? Est-ce une décision que Tom Fletcher, le chef d’OCHA, va prendre, ou est-ce une décision du département d’État américain, parce que cela n’aide pas vraiment la planification pour ces pays, à moins qu’ils ne sachent par exemple qu’il y a 200 millions par pays.
« Sinon comment ce triage va-t-il se faire ? Les acteurs humanitaires vont devoir prendre des décisions très difficiles, souligne Thomas Byrnes, sur où va aller cet argent, car le dollar qui va au Soudan n’ira pas au Congo, ni à la Somalie. Les personnes dans le besoin en ce moment ne sont pas celles qui seront touchées par le prochain ouragan, ou le prochain tremblement de terre. Et il est probable que nous aurons des catastrophes naturelles au cours des 12 prochains mois auxquelles nous devrons répondre. Ces 2 milliards devront financer une partie de ces besoins futurs. C’est donc une situation très difficile ».
L’année dernière, l’appel humanitaire de l’ONU de plus de 45 milliards de dollars n’a même pas été financé à moitié. Pour 2026, OCHA a restreint cet appel à 23 milliards de dollars pour aider 87 millions de personnes, alors que quelque 240 millions de personnes, victimes de guerres, d’épidémies, de séismes ou de l’impact du changement climatique, ont besoin d’aide urgente dans le monde.
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