Le chien utilise au quotidien plusieurs capacités mémorielles différentes.
Chacune joue un rôle dans ses apprentissages et son comportement.
Les études scientifiques sur le fonctionnement de la mémoire du chien sont encore balbutiantes, mais la recherche avance.
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Animaux de compagnie
L’éléphant est réputé pour avoir une mémoire extrêmement complexe et longue tandis que le poisson rouge doit se contenter de bribes (à tort). Entre les deux, où se situe notre chien de compagnie ? Quelles sont ses capacités mémorielles et où en est la science à ce sujet ? Éléments de réponse.
La mémoire sémantique du chien : mythe ou réalité ?
De manière empirique, les propriétaires observent que leur chien de compagnie connaît les noms de certains objets et personnes qui l’entourent dans son quotidien et qu’il est capable d’aller les chercher sur commande. Il s’agit de termes simples comme un prénom ou le nom d’un jouet ou d’un accessoire (balle, bâton, frisbee, télécommande, laisse, panier, niche…). Si l’animal ne paraît pas comprendre le sens sémantique du mot en lui-même, il l’associe pourtant à l’objet, d’après l’expérience menée par des chercheurs de l’Université de Budapest parue dans la revue scientifique Current Biology en mars 2024. Il retient également les mots associés à des actions ou des ordres (assis, couché, donne la patte, attaque, fais le beau, va chercher, rapporte…). Jusqu’à cette dernière étude effectuée à partir de l’analyse des ondes cérébrales des chiens témoins, les chercheurs pensaient que cette capacité cognitive était réservée à quelques individus particulièrement intelligents. Or, il n’en est rien puisque tous les chiens paraissent capables de retenir un certain nombre de mots et d’y associer une réaction adaptée. Cette mémoire spécifique se cultive par l’apprentissage et vient alimenter la mémoire à long terme du chien.
La mémoire à court terme du chien
La recherche a d’ailleurs fait de sérieuses avancées sur ce sujet. En 2014, une étude réalisée à l’Université de Stockholm arrêtait la mémoire à court terme du chien à seulement… deux minutes. Autrement dit, presque rien. En 2017, d’autres chercheurs de l’Université de Budapest font une expérience qui repousse ce délai à 24 heures, un temps qui paraît déjà plus réaliste. Il s’agissait alors de confronter les animaux à des ordres contradictoires avec ceux reçus la veille et d’observer leur réaction pour vérifier s’ils possèdent ou non une mémoire épisodique et sur quelle durée. Toutefois, la méthodologie se discute, car les chiens étudiés étaient déjà entraînés à ce type de comportement avant l’expérience.
La mémoire à long terme du chien
Sur le long terme, la mémoire implicite de l’animal se développe comme la nôtre. Le chien apprend dès son plus jeune âge à se nourrir, à marcher, à courir et il conserve ces capacités tout au long de sa vie. C’est ce qu’on nomme la mémoire procédurale. Elle est plus complexe chez les chiens de travail qui doivent en plus retenir des schémas de garde des troupeaux, de reniflage (chiens douaniers, chiens d’avalanche…) ou d’assistance. Chez tous les chiens, elle englobe aussi la réponse instantanée à l’ordre et s’apparente alors au réflexe pavlovien : il est possible de le conditionner et d’automatiser la réaction.
Le chien possède aussi une mémoire émotionnelle implicite qui fonctionne par association. Au fil de ses expériences personnelles, il serait en mesure de retenir les émotions qu’elles lui ont procurées et d’en tirer des enseignements. Ainsi, il peut faire la fête à une personne qui lui a offert une friandise lors de sa précédente visite ou, au contraire, se montrer distant ou agressif avec celle qui l’aura maltraité par le passé. Vous ne vous en souvenez peut-être pas, mais lui, si. Et plus l’action se répète, plus le comportement de réponse s’ancre dans la mémoire de l’animal. C’est pourquoi un chiot maltraité pendant des semaines a de fortes chances de devenir un chien adulte anxieux et méfiant.
Un dernier pan de la mémoire à long terme du chien est encore bien obscur : celui de sa mémoire épisodique explicite. Le chien est-il en mesure de se remémorer un épisode de sa vie, de le situer dans le temps et d’adapter son comportement présent ou futur en conséquence ? Le mystère n’a pas encore été percé.