En 2026, nous célébrerons le soixantième anniversaire de la première compilation de vieux succès des Beatles. Mis en vente pour Noël 1966, A Collection of Beatles Oldies (But Goldies !) visait à assouvir l’insatiable appétit des fans, frustrés par le hiatus entre les sorties de Revolver (août 1966) et Sergeant Pepper’s Lonely Heart’s Club Band (juin 1967). Le groupe avait encore trois belles années devant lui. Avant même sa séparation, les ventes respectables de ce best of prématuré présageaient de la capacité du quatuor à s’autoperpétuer au-delà de sa propre mort, officiellement annoncée par Paul McCartney le 10 avril 1970.
Depuis, de compilations en remix, de découvertes d’archives en documentaires, les Beatles, leur musique, leur légende, sont devenus une source inépuisable de produits destinés à alimenter la nostalgie. La logique voudrait que cette veine fût en voie d’épuisement – après tout, la génération du groupe, celle des boomers, approche de sa phase d’extinction et l’idée de nostalgie implique que l’on ait fait l’expérience de ce que l’on regrette.
C’est sans compter avec le numérique et sa faculté à brouiller les frontières du réel. Le bombardement constant de musiques et d’images des Beatles – de la sortie des compilations de 1973 (les disques « bleu » et « rouge ») jusqu’à la mise en ligne (par Disney+, en 2024) du documentaire Beatles ’64, monté par David Tedeschi à partir du métrage filmé par les frères Maysles lors de la première visite du groupe aux Etats-Unis, en février 1964 – s’est traduit par une contagion numérique faite aussi bien de clips sur YouTube que de mèmes sur TikTok.
Si bien que les Beatles comptent parmi leurs fans des garçons et des filles qui ont l’âge d’être leurs arrière-petits-enfants, qui se nourrissent aussi bien de fragments de films de concerts que de clips générés par l’intelligence artificielle, comme celui qui montre les quatre octogénaires réunis pour un concert en 2025 à Wembley, à Londres, peu importe que John Lennon ait été assassiné en 1980 et que George Harrison ait succombé à un cancer vingt et un ans plus tard.
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