Les attaques contre le droit à la santé des Palestiniens atteignent des « sommets d’impunité », ont dénoncé ce jeudi 2 janvier deux rapporteures spéciales de l’ONU, après le raid israélien contre l’hôpital Kamal Adwan à Gaza et l’arrestation de son directeur.
« L’attaque flagrante d’Israël contre le droit à la santé à Gaza et dans le reste des Territoires palestiniens occupés atteint de nouveaux sommets d’impunité », ont déclaré ces expertes dans un communiqué.
La représentation israélienne auprès de l’ONU à Genève (Suisse) a jugé le communiqué « très éloigné de la vérité », ajoutant qu’il « ignore complètement des faits cruciaux » et « l’utilisation par le Hamas d’infrastructures civiles à des fins militaires ».
« Mépris flagrant du droit à la santé à Gaza »
La rapporteure sur la situation dans les Territoires palestiniens occupés depuis 1967, Francesca Albanese, qui a accusé maintes fois Israël de « génocide » à Gaza, et la rapporteure sur le droit à la santé physique et mentale, Tlaleng Mofokeng, appellent « à mettre fin au mépris flagrant du droit à la santé à Gaza, suite au raid de la semaine dernière sur l’hôpital Kamal Adwan et à l’arrestation et la détention arbitraires de son directeur, le docteur Hossam Abou Safiya ».
« Nous sommes horrifiées et préoccupées par les informations en provenance du nord de la bande de Gaza et en particulier par l’attaque contre le personnel de santé, y compris le dernier des 22 hôpitaux aujourd’hui détruits: l’hôpital Kamal Adwan », ont écrit les deux expertes, qui sont mandatées par le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies mais ne s’expriment pas au nom de l’ONU.
Elles se disent « gravement préoccupées par le sort du docteur Hossam Abou Safiya », dont elles indiquent que son fils a été tué sous ses yeux, et demandent sa « libération immédiate » ainsi que celle de « tous les autres travailleurs de santé détenus arbitrairement ».
« Cette situation s’inscrit dans le cadre d’un schéma israélien visant de façon continue à bombarder, détruire et anéantir totalement la réalisation du droit à la santé à Gaza », ont-elles affirmé.
« Activités terroristes »
Selon l’armée israélienne, Kamal Adwan, qui était le dernier grand hôpital encore opérationnel dans le nord du territoire palestinien dévasté par plus d’un an de guerre, servait de centre de commandement aux combattants islamistes du Hamas.
« Il a été bien documenté que le Hamas utilise les hôpitaux et les centres médicaux pour ses activités terroristes », a indiqué l’armée israélienne, interrogée sur le communiqué des rapporteures.
« Nous continuons d’appeler la communauté internationale à exiger sans équivoque du Hamas qu’il cesse immédiatement d’utiliser les hôpitaux de la bande de Gaza comme bouclier pour ses activités terroristes », a-t-elle ajouté, affirmant prendre « toutes les mesures opérationnelles possibles pour atténuer les dommages causés aux civils, y compris aux convois et travailleurs humanitaires ».
Plus de 1.057 professionnels de santé ont été tués depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l’attaque du 7 octobre 2023 du Hamas contre Israël, soulignent les rapporteures, citant des données du ministère de la Santé du gouvernement du mouvement islamiste palestinien.
De son côté, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Les attaques israéliennes contre la santé des Palestiniens atteignent des « sommets d’impunité », dénoncent deux rapporteures de l’ONU, a déploré jeudi sur X le rythme « terriblement lent » des évacuations médicales de Gaza.
« Seuls 5.383 patients ont été évacués avec le soutien de l’OMS depuis octobre 2023, dont seulement 436 depuis la fermeture du point de passage de Rafah » en mai 2024, a-t-il indiqué : à ce rythme, « il faudra cinq à dix ans » pour évacuer les « plus de 12.000 personnes » qui en ont encore besoin.
Article original publié sur BFMTV.com